Causerie écrite et dispensée par David Wahl dans une mise en espace de Pierre Guillois.

S'inventant, pour ses spectacles solo, un personnage de Candide savant et réactivant la forme de la causerie chère au Siècle des Lumières puis aux salons littéraires, David Wahl, auteur, dramaturge et comédien, se positionne en griot contemporain.

Et ce pour raconter une histoire subjective et poétique du monde, il est également historien de formation, sur un sujet donné, qu'il nomme "une construction émotionnelle du savoir" usant d'une singulière combinatoire entre "théâtre et science, recherches savantes et récits populaires, savoirs et curiosités, histoires oubliées et audaces philosophiques ignore?es".

Avec son quatrième opus du genre intitulé "Le Sale Discours" et sous-titré "géographie des déchets pour tenter de distinguer au mieux ce qui est propre d’avec ce qui ne l’est pas" mis en espace par Pierre Guillois, il propose une petite histoire pour adultes sur la dialectique du propre et du sale en suivant les méandres de l'Histoire depuis le 12ème siècle avec l'obligation pour les éleveurs parisiens de parquer leurs porcs jusqu'à l'avenir radieux des déchets nucléaires.

Sous une forme qui ressort à la dissertation savante, au théâtre documentaire, au débat d'idées et la pseudo conférence vulgarisatrice et selon le procédé factice, mais fort bien mené, de la réflexion à voix haute apparemment en roue libre, David Wahl invite le spectateur à faire l'école buissonnière en empruntant les tortueux chemins de traverse de la propreté, l'hygiène et la salubrité publique qui mènent, de manière inattendue, préoccupations environnementales à une réflexion sur la vie, la mort et l'immortalité.

Avec un propos intelligemment boutiqué avec son rythme de comptine "en laisse" et une méthode aboutie et instillée d'humour et d'envolées philosophiques, l'exercice est brillant et rondement dispensé par un officiant empathique qui emporte l'adhésion enthousiaste du public alors même qu'il lui tend un miroir, miroir Ô vilain miroir, révélant que "le déchet est le propre de l'homme".

De quoi méditer.