Monologue dramatique de Robert Schneider dit par Alain Fromager dans une mise en scène de Charles Berling. Une chaise, des bougies, un capharnaüm d'objets hétéroclites, un seau dans lequel reposent les roses emballées individuellement dans leur tube de cellophane.
Tel est le décor de "Dreck", celui où va évoluer Sad, le réfugié venu d'Irak, il y a déjà bien longtemps, et qui désormais, de toute éternité peut-être, devra vendre des roses pour survivre.
Alain Fromager, dans une pénombre perturbée par les bougées qu'il allume autour de sa chaise, va lire le texte de Robert Schneider qui fait de Sad le porte-parole de ses milliers de solitaires égarés malgré eux dans les villes de grande solitude occidentales. Alain Fromager, délicatement mis en scène par Charles Berling, a choisi d'être un lecteur hésitant, qui heurte les mots, qui peine à dire sa vérité ou ses mensonges. Il souffre en lisant, n'a pas pour objectif de dévoiler les beautés de la prose d'un auteur qui fait avant tout sens.
Il ne s'agit pas de servir la littérature mais de plaider le cas d'un homme fatigué, usé, qui se bat avec tout ce qui lui reste de volonté pour s'expliquer à défaut d'être entendu.
Dans son récit, il est aussi chaotique que dans son parcours. Il se prétend philosophe, lettré, mais n'est-il pas plutôt un mythomane qui cherche à enjoliver cette "non-vie" qui est son quotidien et sera on l'image aussi son futur ?
On ne le saura jamais. Ce témoignage qui n'en est pas vraiment un prend ainsi plus de relief en n'étant pas strictement le reflet d'une vérité sociologique. Réalité fantasmée par un auteur qui la transforme en un réel possible, "Dreck" est un texte nécessaire dont Alain Fromager tire intelligemment le meilleur.
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