C’est vrai qu’il murmure et chuchote Dominique A. Visiblement un parti pris de susurrer le chant plutôt que de se faire claquer les cordes vocales à la blonde québécoise. Si si, j’aime bien les chanteuses québécoises, mais il y a toujours des matins comme ça où je préfère qu’on me murmure des banalités aux oreilles plutôt qu’on me hurle des déclarations dans les tympans.
Intimiste et électronique, Toute latitude est à l’image du bonhomme : terriblement élégant, à l’humeur boisée et aux textes creusés. Hum, ça sent le jardinage tout ça. L’indolence quasi sensuelle avec laquelle Dominique A déroule ses textes invite au retour à l’essentiel, à la patience, aux instants contemplatifs et à l’équilibre.
Voilà même le cœur de l’album : l’équilibre. Malgré un titre évocateur d’horizons lointains, Toute latitude est à la fois une aventure sans boussole et une exploration intérieure. Feutrés, les rythmes électroniques installent une ambiance de confiante amicale, sans préjugés d’aucune sorte, avec pour seul élément commun de savoir se laisser guider par les sons, tout en se laissant conter les histoires, comme autant d’instantanés immortels jalonnent les souvenirs d’une vie.
Les premiers accords ouvrent la porte d’un temple mystérieux, en douces percussions et un chant murmuré entre diktat et libre-arbitre "ce qui sera de ce qui est / ce qu’il faudra de ce qu’il faut / ce qu’on devra de ce qu’on doit / ce qu’on fera et ce qui sera fait / ce qui s’ajoute et ce qui se soustrait / vide qui enfle / forêt qui disparaît / ce qui sera de ce qui est" ("Cycle").
Prolixe à bien des égards, Dominique A produit ici son onzième album, et le douzième arrive à l’automne, acoustique réponse à Toute latitude. Il a le charme un peu désuet des poètes, timide et observateur, "Mille sentiers nous parcouraient / mille odyssées à notre porte / les cohortes d’ennui filaient / on le savait / elle reviendrait / nous avions toute latitude et toute la vie / aucun engagement d’aucune sorte / et pour seule devise peu importe" ("Toute latitude"), porte des horizons lointains et des envies de voyage dans le temps.
Un tantinet mélancolique, l’album incarne les entre-deux, ces moments précis où les chemins se séparent, où les décisions révèlent leurs conséquences, où les actes changent le décor. Mais pas que, parce que de cette mélancolie naît un retour sur soi et un nouveau calcul de cap, une autre manière de dire que rien n’est écrit : "Même si le soleil a pâlit / voilé par tous les jours d’après / on revient seul dans la forêt".
"Nous n’allions nulle part / rien ne se dessinait / pour nous pas de projet / que des larmes / les jours étaient flous" ("Lorsque nous vivions ensemble") raconte avec pudeur ces ombres qui grandissent quand l’habitude fait place à la passion, quand le quotidien devient une sempiternelle répétition d’actes, sans passion, quand l’amour est laissé livré à lui-même et s’éteint lentement.
Cette semaine, c'est le retour de la MARE AUX GRENOUILLES, vendredi soir à 21h en direct sur Twitch, c'est gratuit alors on compte sur vous ! D'ici là, voici le programme de la semaine. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !