Aventure sociale racontée par Philippe Durand. "1336 - Paroles de Fralibs", ce sont les jours de grève que les "Fralibs", c'est-à-dire les ouvriers de l'usine de Gémenos près de Marseille qui fabriquait les sachets d'infusion Lipton et Éléphant, ont dû accomplir pour "triompher" du géant de l'alimentaire Unilever qui voulait supprimer leurs emplois.
Philippe Durand est allé collecter les diverses paroles de ces ouvriers en grève. Assis devant une table sur laquelle se tient un tapuscrit à spirale qui recense toutes les interviews dans lesquelles sont compilées les dites paroles, il interprète "avé l'assent" les différents protagonistes de cette histoire emblématique. Près de sa petite table, une autre plus grande, où sont empilés comme des cubes, les boîtes de thé "1336" qu'ils produisent aujourd'hui.
En ces temps où les lois sociales pourraient plutôt s'appeler "désociales", le combat des petits Marseillais face au Goliath agro-alimentaire est un tout petit rayon de soleil fragile pour ce qu'on appelait jadis la "classe ouvrière" et qui n'est plus pour les ultra libéraux qu'une variable d'ajustement presque négligeable.
Les 186 employés de Fralib, à l'issue d'un parcours en absurdie, ont fait mettre un genou à terre à leur tout-puissant adversaire et ont repris la production de thé en montant une "scop", une société coopérative de production.
Philippe Durand dit avec humanité, et sans chercher les effets faciles, les paroles des hommes et des femmes qu'il a interrogés. C'est souvent drôle, émouvant, marqué au sceau du bon sens et de l'humain.
Ces récits fragmentaires constituent une somme cohérente que l'on suit comme un feuilleton aux mille péripéties qui serait conçu par des scénaristes à l'imagination féconde. On ne s'ennuie jamais, même si Philippe Durand ne décolle jamais de sa chaise et n'a pour jeu d'acteur que de tourner les pages de son tapuscrit.
Ce seul-en-scène habité par des dizaines de voix est chaleureux et positif, même si le combat pour faire vivre au jour le jour la "SCOPTI" reste aléatoire et pourra bientôt fournir un second spectacle à Philippe Durand
A la fin de "1336 (Parole de Fralibs), on fera mieux qu'applaudir : on se fournira en thé "1336" que Philippe Durand vend à la sortie, histoire de se rappeler longtemps ce beau moment de partage. |