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Mickaël Correia  (Editions La Découverte)  mars 2018

Quand on est un passionné de football et qu’on exerce en même temps le métier d’enseignant en Histoire, on ne peut que se ravir de voir sortir un ouvrage nous racontant une histoire populaire du football. Tel est mon cas, j’aime l’histoire et j’aime le football. Et je sais que les deux sont parfaitement compatibles.

Vous imaginez donc bien avec quel engouement j’ai pu me ruer, et le mot est faible, sur le dernier livre de Mickaël Correia, journaliste indépendant, paru aux éditions de la Découverte. Bien m’en a pris car je me suis régalé à lire ce livre, véritable petite bible du ballon rond.

C’est une histoire "par en bas", une histoire alternative et politique du football que nous propose l’auteur. C’est l’histoire d’un sport populaire qui a été et demeure, aux quatre coins de la planète, un espace subversif et de résistances. Ce football que Mickaël Correia nous raconte ne se résume pas à des joueurs achetés à coup de millions d’euros, à des mercenaires qui passe d’un club à un autre sans aucun scrupule, juste pour engranger toujours plus d’argent. Le football que nous raconte l’auteur est celui que l’on peut considérer comme un puissant vecteur d’émancipation pour différents groupes sociaux : des ouvriers, des anticolonialistes, des féministes, des jeunes de quartiers et des contestataires de tout ordre. Jamais football et histoire n’ont autant rimé que dans ce livre.

Mickaël Correia nous montre les liens existants entre le football et les luttes sociales. Le football n’a pas toujours rimé avec argent, il est aussi un creuset de résistance à travers l’histoire. De nombreux passages du livre sont passionnants, on y apprend de nombreuses choses. On apprend notamment la place que prit le football dans le mouvement de contestation des privatisations des terres en Grande-Bretagne. Le mouvement des enclosures qui toucha la Grande-Bretagne au 17ème siècle va voir une résistance s’organiser autour du football sauvage. Les paysans vont profiter de ces matchs sauvages dans lesquels des centaines de personnes étaient sur le terrain pour arracher les clôtures installées par les bourgeois.

L’auteur nous explique aussi la naissance de ce football dans les Publics School anglaises. Il va servir alors aux différentes écoles d’outil pédagogique pour transmettre des valeurs comme la compétition, l’obéissance et le respect des règles. Mickaël Correia nous montrent que les règles du football ont évolué avec le temps, en fonction des différentes écoles anglaises qui, au départ, pouvaient avoir leurs propres règles. C’est lorsque ces différentes écoles ont voulu s’affronter qu’il a fallu unifier les règles.

On apprend aussi que les élèves de ces grandes écoles qui ont pratiqué le foot, ont, quand ils sont devenus des grands patrons, voulu aussi utiliser le football pour inculquer des valeurs à leurs ouvriers. Le football prit alors une dimension sociale. En effet, les patrons souhaitaient contrôler socialement leurs ouvriers en faisant en sorte que leurs ouvriers aillent jouer au foot à la sortie de l’usine plutôt que de fréquenter les bistrots ou les regroupements syndicaux. C’est bien connu, pendant que l’on s’amuse, on ne pense pas à contester.

Certains grands patrons vont alors financer les premiers grands clubs de foot anglais, un peu comme aujourd’hui, avec néanmoins des budgets moins importants. Certains ouvriers, ceux qui maniaient le mieux le ballon rond vont même toucher de l’argent de leurs patrons pour jouer au foot, ce qui en fera les premiers professionnels du foot.

On apprend aussi la place qu’a pu prendre le football dans les dictatures et les régimes totalitaires. En URSS, le football s’est rapidement mué en un véritable spectacle qui mettait en scène les différents corps de la société soviétique. Le CSKA Moscou était le club de l’Armée rouge quand le dynamo était celui de la police politique et le Spartak celui des ouvriers. En Espagne, le Camp Nou, le stade du FC Barcelone fut longtemps un refuge de la résistance antifranquiste. Plus récemment, on apprend que les supporters d’un club égyptien ont joué un rôle important dans le printemps arabe qui a renversé en 2011 le président Egyptien. Un groupe de supporter du club Al Ahly était devenu le bras armé du mouvement révolutionnaire égyptien.

Aujourd’hui, le football est aussi devenu une arme politique aux mains du peuple palestinien. La FIFA fut la première organisation internationale à reconnaître la Palestine comme Etat indépendant. En Palestine, le club le plus populaire d’Europe est le FC Barcelone. Les palestiniens s’identifient aux catalans dont la lutte contre Madrid rappelle leur lutte contre Israël. En Turquie, certains ultras d’Istanbul s’opposent au président turc. Une fois encore, football et politique sont souvent liés.

On apprend aussi comment le dribble est né, comment le football s’est diffusé dans le monde en même temps que l’Empire britannique s’étendait. Le chapitre Dribbler, un art décolonial est une petite merveille de lecture. Il nous explique comment les peuples colonisés vont donner un nouveau sens au football européen et surtout comment le dribble a vu le jour. Son origine est simple, mais pourtant peu connu. Il est le fruit de l’attitude des blancs sur les noirs dans les stades brésiliens. Ces derniers se faisant constamment agresser sur les terrains de foot par les blancs sans que l’arbitre n’ose sévir, ont inventé des esquives, des feintes pour éviter ces agressions. Le dribble apparut.

Le livre enfin consacre une partie aux supporters, aux passions collectives et cultures populaires tournant autour du football. Evidemment, on parle de Liverpool, de son traditionnel "you’ll never walk alone", des hooligans anglais dans les années 80, des processus de gentrification des stades en Angleterre qui ont eu pour but de les pacifier. Le mouvement ultra italien est aussi analysé par Mickaël Correia en montrant sa dimension politique et un chapitre est consacré à l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football, Diego Maradona qui fut considéré comme un dieu par de nombreux supporters.

Une histoire populaire du football est donc un livre génial, passionnant de bout en bout. C’est une mine d’informations pour quiconque souhaite voir le football autrement que celui que l’on nous montre dans les stades tous les week-ends.

Dire que j’ai adoré ce livre est un euphémisme. Rarement un livre d’histoire m’aura autant fasciné et intéressé. Il fait partie dorénavant de ces livres que je vais garder religieusement dans ma bibliothèque aux côtés d’autres livres d’histoire plus académiques. Une histoire populaire du football est un très grand livre. Chapeau bas Monsieur Correia.

 
 

Jean-Louis Zuccolini         
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Du côté de la musique :

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"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
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"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
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"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
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"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
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"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
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"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
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