Avec son slogan "Microthéâtre c'est Géant !" et son manifeste "3 pièces de 27 minutes, dans un espace de 27 m2 pour 27 spectateurs", le City 27 Microthéâtre, nouvelle salle parisienne, propose un lieu de création inédit pour des partitions théâtrales qui satisfont à deux contraintes scripturales, le thème imposé et la forme courte.
Et tiercé gagnant pour cette 1ère édition sur la thématique du couple.
LAUNDRETTE
Comédie tragi-comique écrite et mise en scène par Stéphan Druet, avec avec Marie Daude, Sebastian Galeota et Sylvain Binetti.
Le générique à trois personnages, deux homme et une femme, augure d'un vaudeville façon "Ciel, mon mari !". Mais bien évidemment l'auteur et metteur en scène Stéphan Druet ne manque ni d'humour ni de sagacité pour surprendre et divertir le spectateur.
Aussi, avec son art du second degré, son opus intitulé "Laundrette", ou coup de foudre sans détergent, ne se déroule pas dans le confort d'un salon bourgeois mais dans un lieu plus prosaïque, celui d'une laverie automatique qui constitue le cadre d'une merveilleuse rencontre.
Une vieille dame, archétype de la gouailleuse parisienne des films de Marcel Carné qui aurait subi les outrages du temps et peut-être fée déguisée (Marie Daude à la belle faconde), a élu résidence secondaire dans la laverie où elle accueille, non sans arrière pensée, les utilisateurs.
Et elle intriguée par deux nouveaux venus, l'un au coeur de midinette (Sebastian Galeota parfait dans un emploi maîtrisé à la perfection) qui se rêve en héroïne de comédie musicale, l'autre fébrile (Sylvain Binetti désarmant dans le rôle de "beau gosse").
Bien évidemment, et davantage encore pour une micro-pièce, la circonspection s'impose afin de ne pas dévoiler l'intrigue, portée par des comédiens épatants, qui se développe à la manière soap-opera sur des tubes du "Coup de soleil" de Richard Cocciante au "S'il suffisait d'aimer" de Jean-Jacques Goldman.
FOLLOW THE LOVE
Comédie dramatique de Armelle Stepien, mise en scène par Sebastian Galeota, avec Emma Fallet et Jean-Baptiste Guinchard.
Pour la déclinaison de la thématique du couple qui opère généralement du coup de foudre à la rupture, Armelle Stepien a opté pour une situation en amont du chabadabada et l'imbrication de deux monologues qui mêlent narration et introspection .
Dans "Follow the love", Lui (Jean-Baptiste Guinchard) et Elle (Emma Fallet), à la trentaine avancée, sont, au terme de vécus différents, des déçus de l'amour, peut-être par trop de naïveté ou de spontanéité. Mais ils y croient encore. Alors tout est-il encore possible pour ceux qui rêvent d'amour, pas celui de quelques jour sou d'une nuit, mais du grand amour ?
Armelle Stepien livre deux beaux portraits, réalistes et attachants, dispensés avec mesure et justesse par les deux comédiens qui, sous la direction de Sebastian Galéota qui twiste ce besoin d'amour par l'insertion de chansons de crooners de Elvis Presley à Leonard Cohen, les rendent attachants.
A REBROUSSE-POIL
Comédie écrite et mise en scène par Nicolas Spanoudis, avec Anne Cosmao et Alexandre Lachaux.
Avec "A rebrousse-poil" ou l'art de la feinte, opus inscrit dans le genre de la comédie de boulevard, Nicolas Spanoudis s'amuse à revisiter, de manière satirique, le couple à la lumière utopique non de l'égalité des sexes mais de l'inversion des statuts et rôles attribués à la femme et à l'homme de manière immémoriale.
Ainsi le grand et costaud (Alexandre Lachaux truculent) qui cumule métier d'infirmière et tâches ménagères tremble comme une feuille devant sa petite femme (Anne Cosmao pétulante) ingénieur et psychorigide. Alors comment intervenir pour soutenir leur fils amoureux et le soustraire au diktat maternel du mariage arrangé ?
Cocasse, la partition, mise en scène par l'auteur est menée tambour battant par les deux comédiens manifestement émoustillés, et pour le grand plaisir du public, par cette situation.
Divertissement assuré. |