Newton Colours est une très jeune collaboration, datant seulement de 2017 suite à une rencontre entre Will Dee, chanteur outre-Manche, et FORM, beatmaker français, dans l'obscure atmosphère d'une rave party. Les styles musicaux de chacun se sont entrechoqués, l'un plutôt folk et stoner quant à l'autre plutôt hip-hop, et pourtant le projet commun leur apparaît comme une évidence.

Le mouvement est lancé, plutôt que s'atténuer celui-ci s'amplifie, les échanges sont intenses sur plusieurs mois, des nuits d'écriture et de longues journées de studio donnent très rapidement naissance à suffisamment de matière pour un premier album, Where the Weather Went.

A l'écoute, on ne peut imaginer autrement cette genèse d'album, de cette instantanéité survient une singularité dont le duo devait mettre en œuvre dans son jus écartant ainsi tout risque de cadre bridant toute cette énergie créative.

Bien que de nombreux passages rappellent les sonorités bristoliennes de Tricky, une véritable personnalité apparaît dans la musique de Newton Colours.

Un chant, tantôt parlé, rappé puis chanté aux sons roques et sauvages s'enrage au contact d'une musique électro bien ficelée au beat tout autant animal que la voix.

Bien qu'apparaissant assez brut, voire animal sur les couplets, les titres de cet album engendrent de l'émoi, de l'envoûtement avec justesse et élégance lors de refrains ensorcelants ("Light up again", "Night").

On en revient à l'accord chant / musique, indissociables et c'est là même la singularité de Newton Colours : des nappes électro en présence délicate laissant une place prédominante pour le chant ("Rue des Bouviers", "Focus").

Cet album aux intonations primitives se découvre sans laisser insensible par une frontière entre attirance / hésitation laissant ainsi le temps à l'album de nous gratifier de tous ses morceaux. Puis on relance la lecture, ce qui semble bon signe.