Parfois, il existe certains groupes qui exercent sur nous une fascination étrange et, du coup, à qui nous vouons un culte quasiment transcendant. La rigueur rock-électro du plat pays, qui nous avait déjà livré les excellents Ghinzu perruqués (pour ne citer qu'eux) forçait la comparaison, peu habile, avec les "anciens" de dEUS.
Après un hiatus de cinq années qui nous aurait presque fait penser que "les absents ont toujours tort", cela aurait été une bien belle méprise pour le plus grand groupe belge du monde. Pocket Revolution, nouvelle galette tout à la fois surpuissante et hypnotique, arrive donc à point nommé : belle rentrée rock en perspective ...
Ce Pocket Revolution, au nom évocateur, s'ouvre sur le titre épique "Bad Timing" (7:07 !), futur single évident et entraînant que l'on pourrait presque comparer au tout aussi énormissime "Suds and Soda" de l'album Worst Case Scenario (1994). Absolument splendide. Cette fois-ci, sans faire les choses de manière déjantée et peu orthodoxe, la formation de Tom Barman ne fait que confirmer une expérience forte de 10 années de scène, de collaborations plus ou moins intéressantes, et place une fois de plus la barre très haut dans le sillon du rock belge.
Du coup, l'album ne souffre d'aucune fioriture, et l'on assiste à une alchimie de sonorités planantes, ou se mêlent habilement guitares, samplers éléctro, backvocals impeccables, et cette ligne de basse si caractéristique (le titre "Pocket Revolution" par exemple), permettent à Deus de ne pas sombrer dans le carcan des choses "déjà entendues", "déjà vues" ...
Non, c'est bien plus que cela, le premier single "Seven Days, Seven Weeks" suffit à nous convaincre : petite ambiance acoustique, légère, agréable, ou tout ne semble jamais démarrer ... Le titre "The Real Sugar" confirme également cette dimension onirique, parfois lancinante, très présente tout au long de cet album.
Ce serait bien mal connaître Deus que de nous livrer un ensemble lent, timide et qui n'ose pas les choses. Le titre "If you don't get what you want" sonne comme un rappel électrisant au rock pur et dur où Barman s'égosille sans aucune retenue. "Sun Ra", haut lieu de la divinité rock, propulse dEUS chez les meilleurs.
De toute évidence, nous sommes en présence d'un album à double vitesse, rythmique rapide d'un côté et ambiances closes de l'autre : l'effet est surprenant, parfois un peu longuet sur la conclusion de certains titres où nous attendons désespérément un démarrage puissant ("Nothing Really Ends"). La force de ce Pocket Revolution est donc là.
Pas de comparaison possible avec d'autres groupes, comme cela est si facile à réaliser. L'identité des belges est bel et bien conservée, et une si longue absence des bacs n'aura rien entamé de leur ténacité à produire la plus belle surprise de cette rentrée 2005.
La révolution belge se réveille. Venez donc en grossir les rangs ...
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