Réalisé par Bretislav Pojar et Hermina Tyrlova. Tchécoslovaquie. Animation. 33 minutes (Sortie le 4 avril 2018).
Grâce à Malavida qui le distribue, on connait désormais mieux le cinéma tchécoslovaque et particulièrement son animation. Quand on évoque le nom d'Hermina Tyrlova (1900-1993), on sait que "Ferda" la petite fourmi ne va pas être loin puisque ses aventures ont récemment fait l'objet de deux ressorties.
Cette fois-ci, ce sont trois chefs d'oeuvre qui sont rassemblés dans ce programme, dont deux, "La Berceuse" et "La Révolte des jouets" signés par la plus grande animatrice de l'histoire, le troisième, "L'Aventure de minuit" étant l'oeuvre de Bretislav Pojar.
Encore une fois, comme dans les films du grand Jiri Trnka, l'animation est en volume et les pantins et les marionnettes, ainsi que les objets, ont l'air de se déplacer avec une aisance totale, et cela a une époque où le mot "effet spécial" est synonyme de bricolage et d'astuce.
Ici, cependant, dans les deux films conçus par Hermina Tyrlova, deux films dans un magnifique noir et blanc, aux personnages animés s'ajoutent des personnages réels. Et quels personnages ! Un bon gros bébé qui n'arrive pas à dormir dans "La berceuse" et un SS bête et méchant dans "La Révolte des jouets" qui va se confronter à la détermination de jouets en bois courageux et à la tête sacrément dure !
C'est peu dire que les deux courts-métrages d'Hermina Tyrlova sont des merveilles d'imagination et d'animation. Fluides et rythmés, ils plairont autant aux petits qu'aux grands. Pareil pour les aventures du petit train mécanique de Bretislav Pojar confronté à l'arrivée de son rival électrique.
Cette parabole évidente sur les dangers du progrès et de son attrait qui casse d'un coup les solidarités passées est le seul court en couleurs et montre un monde des jouets anthropomorphique pour une petite leçon de morale sur l'amitié.
En 35 minutes, "La Révolte des jouets" de Hermina Tyrlova et Bretislav Pojar montrera aux plus jeunes que le numérique n'est pas tout et rafraîchira aussi la mémoire de leurs parents ou grands-parents, eux aussi pris dans les rets de la modernité qui tend vers une production standardisée et aseptisée pour capter et captiver tout le monde.
Avec les dessins animés tchèques d'antan, prime était donnée à la poésie dans toutes ses expressions. Peut-être qu'en revoyant "La Révolte des jouets" de Hermina Tyrlova et Bretislav, leurs aînés bricoleurs, les jeunes surdoués de la 3D et des effets spéciaux tireront quelques leçons utiles... et aussi autant de plaisir que tous les autres spectateurs devant ces chefs d'oeuvre qui semblent aujourd'hui des objets filmiques non identifiables mais terriblement aimables. |