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Ateliers Berthier  (Paris)  mai 2018

Tragédie de Jean Racine, adaptation et mise en scène de Célie Pauthe, avec Clément Bresson, Marie Fortuit, Mounir Margoum, Mahshad Mokhberi, Mélodie Richard et Hakim Romatif.

Epure de tragédie où les larmes remplacent les armes, où la souffrance des coeurs supplée la souffrance des corps, "Bérénice" est la pièce la plus cérébrale de Racine, la plus formelle, celle où bien dire le texte importe le plus pour que l'on comprenne la vérité des personnages.

D'un trio glorieux, Titus, l'aimé, Bérénice, l'aimante et Antiochius l'ami, les circonstances politiques,c'est-à-dire la raison de l'État romain, vont faire trois solitudes, trois malheurs, trois âmes perdues.

Car, à la mort de Vespasien, son fils Titus devient Empereur et doit respecter la loi d'airain de Rome : épouser une Romaine et surtout pas une princesse étrangère. Or, Bérénice, celle qu'il aime et qui l'aime est princesse de Palestine...

Célie Pauthe bâtit sa version de "Bérénice" sur un présupposé que Racine, courtisan en train de conquérir le roi, réfuterait : c'est la reine Bérénice, le personnage pivot, central de la tragédie, celle qui dit que l'amour est plus fort que le reste, qu'il rend humain et préserve de la barbarie.

Or, dans l'optique de Racine, il s'agit de complaire à Louis XIV, en le confortant dans la décision qu'il a eu de se séparer de Marie Mancini, nièce de Mazarin. L'insistance de Bénérice est la raison pour laquelle il a raison de la répudier : elle ne comprend pas la loi romaine, la loi sans laquelle il n'y aurait pas d'Empire.

C'est donc elle la barbare et rien n'y fera pas même les interludes composées par le saucissonnage en quatre parties - une par acte - du court-métrage de Marguerite Duras, "Césarée", qui renforce l'idée de la primauté de la parole féminine.

Cette participation de Marguerite à "Bérénice" est plutôt contre-productive : la diction durassienne ne se marie pas vraiment à la métrique racinienne, surtout quand elle est, comme ici, une préoccupation secondaire des acteurs.

Si on ne peut leur contester le fait d'articuler, on peut leur reprocher de ne pas s'emparer du vers, d'en trouver le bon rythme, d'en jouir presque physiquement en en offrant l'écoute au spectateur.

Dès lors, la beauté du texte, qui est fondamentale, passe au second plan. Il suffit de voir comment l'ultime alexandrin est sacrifié à une dernière intervention du film de Duras, qui, au passage, ne vaut que par l'aisance de son chef opérateur, Pierre Lhomme, à filmer les statues antiques.

Célie Pauthe n'a pas la fibre classique, elle cherche avant tout à donner un sens contemporain à ce qui n'est, au départ, qu'un dialogue entre un auteur servile et son maître tout-puissant.

Célie Pauthe a donc construit une "Bérénice" moderne, césure entre l'Orient et l'Occident, aux résonances quasi-géopolitques. Mais le texte est quand même là et dans une scénographie ensablée de Guillaume Delaveau, les mots de Racine buttent contre les intentions de Célie Pauthe.

Là où Bérénice (Mélodie Richard), Titus (Clément Bresson) et Antiochus (Mounir Margoum) devraient être submergés d'émotion, le spectateur ne ressent que froideur et calcul.

Quant à leurs factotums, Arsace pour Antiochus, jouée ici par une femme (Marie Fortuit) sans que cela ne nuise en rien ni n'apporte quelque chose, Paulin (Hakim Romatif) pour Titus et Phénice (Mahshad Mokhberi) pour Bérénice, ils s'évertuent à exister plus qu'à exercer une influence sur leurs mentors.

Sans doute alourdie par l'ajout des "parenthèses Duras", la version de "Bérénice" proposée par Célie Pauthe ne convaincra pas les tenants du lecture littérale de l'oeuvre racinienne et peinera à satisfaire ceux qui y voient le combat idéaliste d'une femme contre un système totalitaire.

Reste que la pièce telle qu'elle est montée par Célie Pauthe a l'avantage de la clarté, bien que cela induise un certain schématisme et la disparition de tout lyrisme enflammé.

 

Philippe Person         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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