Monologue dramatique de Sarah Kane interprété par Hélène Viviès dans une mise en scène de Christian Benedetti. "4.48 Psychosis" constitue l'ultime partition d'un corpus de cinq pièces de Sarah Kane, qui aurait pu figurer dans le "Club des 27", une prodigieuse comète qui a traversé le ciel dramatique anglais des années 90, celui du mouvement "in-yer-face", avec la radicalisation de l’écriture dramatique et un théâtre, sans théâtralité, du traumatisme et de la violence.
En sus, dans son cas, une écriture qui ne constitue pas une forme de résilience ou de dépassement mais l'expression d'une impossibilité de vivre, dans laquelle elle se maintient par un refus ou une résistance à au traitement chimique, qui conduit inévitablement à la décompensation psychotique.
"La pièce parle d’une dépression psychotique. Et de ce qui arrive à l’esprit d’une personne quand disparaissent complètement les barrières distinguant la réalité des diverses formes de l’imagination" : ainsi Sarah Kane at-t-elle défini la partition de "4.48 Psychosis" dont le titre évoque une nomenclature médicale.
Elle retrace la parole d'une jeune femme minée par une angoisse congénitale, la peur de la mortalité, le dégoût de son corps, un amour non partagé et le mysticisme du corps souffrant qui se traduisent par l'état paradoxal du suicidaire qui déclare ne pas désirer la mort.
Look queer tomboy, debout sur une boite noire tel un catafalque, quasiment immobile, Hélène Viviés, porte superbement, sous la direction experte de Christian Benedetti qui a exploré l'oeuvre de Sarah Kane dès sa parution et officie sur la belle traduction de Séverine Magois, la parole déréalisée d'une écorchée vive confrontée à une impasse existentielle. |