Ego-système, le musée de votre existence
Pièce de théâtre musical érite et mise en scène par Raphaël Callandreau, avec Marie Glorieux, Adrien Biry-Vicente, Cloé Horry, et Vincent Gilliéron.
Tout est dit dans le titre : pour Raphaël Callandeau, toute existence est un musée dont on visite les grandes salles, dont on revisite les grands moments. Proposition faussement naïve, "Ego-Système : le musée de votre existence" a des prétentions philosophico-psychologiques.
Bien écrite, cherchant le mot d'auteur et la phrase qui fait mouche pour définir ce qu'est la vie, cette pièce paraît encore pleine de fragilités qu'on imagine volontaires et mériterait déjà quelques coupes et des enjeux dramatiques plus forts pour être à la hauteur de sa grande ambition.
L'art de recevoir
Monologue humoristique écrit et mis en scène par Stéphane Guérin et Cyrille Thouvenin et interprété par Raphaëline Goupilleau.
La présence de Raphaëline Goupilleau est une garantie que cet "Art de recevoir" sera bien reçu. Ce seul-en-scène paraît d'emblée très peuplé et l'actrice emporte la conviction en deux ou trois secondes : elle est Marie-Apolline de Saint-Jérôme qui va tout apprendre à son public du terriblement casse-gueule art de recevoir.
Pour compliquer les choses, la conférencière - un peu comme Bourvil dans sa conférence sur "l'eau férugineuse" - n'est pas dans son état normal. Trac ou laisser-aller, elle ne sait pas bien son texte et cela donne une demie-heure irrésistiblement hilarante dont on ressort convaincu que "L'Art de recevoir" de Stéphanie Guérin et Cyrille Thouvenin a un bel avenir devant lui.
C'est une évidence et une certitude : on reviendra pour assimiler davantage de conseils d'une Raphaëline Goupilleau merveilleusement déjantée.
#Bobigny
Comédie dramatique de Barbara Lamballais et Karina Testa, mise en scène par Barbara Lamballais, avec Jeanne Arènes, Delphine Baril, Phénix Brossard, Maud Forget, Deborah Grall, Karina Testa, Céline Toutain et Julien Urrutia.
Elles sont sept (plus un homme à faire tous les rôles masculins) pour reconstituer le célèbre procès de Bobigny pendant lequel, grâce à la plaidoirie d'anthologie de Gisèle Halimi, le destin de Marie-Claire, jeune fille parmi d'autres ayant eu recours à un avortement, est devenu le point d'orgue du combat des femmes.
Entre le "Manifeste dit des 343 salopes" et la loi Veil, "#Bobigny" conte en saynètes cette première moitié des années 1970 où l'Histoire française des mœurs et des mentalités va enfin tenir compte des femmes françaises.
Ce qui est proposé ici est une présentation didactique des tenants et des aboutissants du célèbre procès, de son amont et de son aval. On remontera ainsi jusqu'aux premières années tunisiennes de Maître Halimi, dont la volonté tenace de vouloir faire des études à son importance dans le sort des femmes jugées à Bobigny.
Sans craindre les bons sentiments, Barbara Lamballais et Karina Testa renouent avec un théâtre dont on a perdu la trace depuis que Robert Hossein a jeté l'éponge.
Nous sommes partout
Comédie dramatique écrite et mise en scène par Elie Salleron, avec Lucas Hénaff, Charles-André Lachenal et Elie Salleron.
Elie Salleron aime l'absurde et les gags. Il sait très vite créer un climat, rien qu'avec un saxophoniste qui peut à peine souffler dans son instrument. "Nous sommes partout" est un métaphore de la condition artistique, avec un trio pince-sans-rire qui alterne narcissisme et paranoïa pour le plus grand bien des zygomatiques des spectateurs.
Est-ce drôle ? Est-ce profond ou simplement ludique ? Les questions ne vont durer qu'un temps, car on oubliera très vite doutes et incertitudes pour s'immerger dans cet univers cohérent dans son incohérence.
Bien dessinés et bien incarnés par Lucas Hénaff, Charles-André Lachenal et Elie Salleron, les trois personnages sont déjà en place pour d'autres aventures et l'on prédit un bel avenir pour cette pièce qui a vraiment des qualités d'écriture théâtrale et ne peut en rien être classée dans l'étroite catégorie du "café-théâtre".
Les mémoires de Paul Palandin
Comédie de Grégory Corre, mis en scène de Christophe Canard et Constance Carrelet, avec Johann Dionnet, Laetitia Vercken, Sandra Colombo, Yannick Mazzilli et Romain Francisco.
Avec "Les Mémoires de Paul Palandin", homme quelconque à la mémoire défaillante, Grégory Corre a voulu vraiment faire une œuvre loin des gags déchaînés. Ici, on ne rit pas à coup sûr, mais on découvre çà et là des "gros morceaux" d'émotion. Paul Palandin est dans la souffrance et ses amis tentent de l'aider.
Grégory Corre fournit à ses comédiens de quoi se mettre en valeur et construit pas à pas ce qui va constituer in fine une véritable œuvre théâtrale. La preuve : à la fin de cette "Capsule" de premier plan, rien n'est épuisé de ses enjeux.
Pourtant, on a assisté à quelques scènes d'une grande intensité dramaturgique et à la promesse d'un futur spectacle maîtrisé dont, à l'image de son héros, on ne connaît que le nom bien trouvé, lui, pour rester dans les mémoires. |