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Théâtre de Poche-Montparnasse  (Paris)  juin 2018

Monologue dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Joseph Delteil interprété par Robert Bouvier dans une mise en scène de Adel Hakim.

Panthéiste et paillard, rustique et précieux, amoureux de la bonne chère et de la belle langue, Joseph Delteil a toujours aimé les thèmes chrétiens. Sa "Jeanne", petite paysanne déterminée, pleine de malice et d'effronterie pour sauver son roi et servir son Dieu, est un réjouissant poème, un hymne à la bonne Lorraine débarrassé de toute emphase.

Delteil écrit pour les grands comme s'ils étaient encore des enfants, des innocents aimant les contes qui les font rire et rêver, leur donne envie de prier en toute simplicité au cœur d'un nature éclatante de la beauté de son créateur.

On retrouve ce ton joyeux avec son "François d'Assise", un ton qu'il faut quelque minutes pour assimiler tant il est loin du parler habituel. C'est pour cela que dans leur adaptation, Adel Hakim et Robert Bouvier prennent leur temps.

D'abord, tout commence dans le noir, et c'est peu à peu, qu'une musique s'élève et qu'apparaît celui qui sait parler aux oiseaux et converser avec eux. Sa tête bizarre paraît semblable à celle du Michel Simon jeune qui jouait précisément l'un des juges qui interrogeait Jeanne dans le "Passion de Jeanne d'Arc" de Carl Dreyer et... Joseph Delteil pour le scénario.

Son accent helvétique chantant a quelque chose d'un parler paysan qu'on imagine bien dans la bouche de François pour interpeller ses petits frères, ses premiers petits frères, ceux des "Fioretti", ceux issus de la région d'Assise, ceux que célébrait le film de Roberto Rossellini, le plus chrétien jamais réalisé par un marxiste et simplement intitulé "Les Onze Fioretti de Françoise d'Assise".

Quand Robert Bouvier entame son long monologue, on comprend d'emblée que le texte n'est pas à la portée de tous les comédiens. Il nécessite son talent pour que de ce verbe en fusion naissent des couronnes splendides de mots. Les images lumineuses qu'il formule sont des éclats de beauté que l'on reçoit avec délicatesse dans les oreilles.

Parfois chuchotant ou chantonnant, parfois hululant, rieur, feignant la gravité pour mieux s'émerveiller, l'acteur paraît vraiment porteur de la parole du petit saint qui tenta de sauver la chrétienté empêtré dans le dogmatisme et surtout l'esprit de sérieux.

Sur un muret qui parcourt la scène de part en part, il fait soudain apparaître des épis de blé. C'est ce blé qui donne la farine blanche, celle qui donne le plus beau cadeau de Dieu à sa créature raisonneuse : le pain.

Peu à peu, les spectateurs sont gagnés, envoûtés. Si on les interrogeait à ce moment-là, ils ne se souviendraient pas qu'ils sont au théâtre et que c'est un acteur de Neuchâtel qui joue à être Saint François. Robert Bouvier use de la magie de son don pour que le théâtre et la vie ne fasse plus qu'un... jusqu'au moment où il brise l'artifice, redevient le passeur sensuel d'un texte magnifique.

Libre dans la belle mise en scène de son complice Adel Hakim, il donne à la fois une leçon de théâtre et d'humanité. Ce qu'il provoque est encore du domaine de l'art du théâtre, ce mentir vrai qui recommence éternellement à chaque représentation de n'importe quel spectacle.

Que l'on croit ou que l'on ne croit pas, l'on assiste, médusé, au surgissement de la grâce qui s'accomplit le temps d'un frisson à la fois dans sa forme artistique et dans sa forme métaphysique. Des expériences comme celle-là ne se présentant pas tous les jours, il est conseillé de ne pas la rater.

 

Philippe Person         
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# 19 mars 2023 : Motion de culture

Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.

Du côté de la musique :

"Your mother should know, Brad Mehldau plays the Beatles" de Brad Mehldau
"Soul tropical" de David Walters
"Embers" de Embers
"Le courage" de Julie Rey et Adrien Desse
"Nuit blanche" de Anodine
"Désequilibre" de Bilbao Kung Fu
"Elements" de Foehn
"La Sagrada" de Natalia Doco
"Red cloud" de Red Cloud
"Isla" de Simon Moullier
et toujours :
"Sound of Eymet" de Adrien Chicot
"O futuro é mais bonito" de Anna Setton
"Vertigo" de Bipolar Club
"W.A. Mozart : The prussian quartets" de Chiaroscuro Quartet
"Principia" de En Attendant Ana
"Charivari" de Marcel
"111" de One Shot
"A very big lunh" de Papanosh
"Brothers & Sisters" de Steve Mason
"Screamers" de Treponem Pal

Au théâtre :

les nouveautés de la semaine :
"Dans la solitude des champs de coton" à l'Espace Cardin
"House" au Théâtre de la Colline
"Oeuvrer son cri" au Théâtre de la Cité Internationale
"Le silence et la peur" au Théâtre de la Colline
"Tom na Fazenda" au Théâtre Paris-Villette
"Petites histoires de la démesure" au Théâtre Les Déchargeurs
"Apocalipsync" au Théâtre du Rond- Point
"Weber à vif" à La Scala
"HPNS" au Théâtre La Reine Blanche
"Marée haute" au Théâtre Le Lucernaire
"Rémi Larrousse - Confidences d'un illusionniste" au Théâtre Le Lucernaire
"Opération Kortex" à La Folie Théâtre
"Patricia Lelouebec - Sauver le monde" au Théâtre Les Déchargeurs
"La Langue des Cygnes au Théâtre 71 à Malakoff
les reprises :
"Nagasaki" au 100ECS
"Maupassant, Octave et moi" au Théâtre de Poche-Montparnasse
"Maya, une voix" au Lavoir Moderne Parisien
"Al Atlal, chant pour ma mère" au Théâtre 14
et une sélection des autres spectacles à l'affiche

Expositions :

"Giovanni Bellini - Influences croisées" au Musée Jacquemart-André
dernière ligne droite pour :
"Capitales" à l'Hôtel de Ville de Paris
"Yves Klein intime" à l'Hôtel de Caumont
et les autres expositions à l'affiche

Lecture avec :

"Les nageurs de la nuit" de Tomasz Jedrowski
"Les grands ministres de Habsbourg" de Jean Paul Bled
"Le petit roi" de Mathieu Belezi
"Il ne doit jamais rien m'arriver" de Mathieu Persan
et toujours :
"Un paradis en enfer" de Rebecca Soinit
Rencontre avec Taous Merakchi & Da Coffee Time
"Coven" de Taous Merakchi & Da Coffee Time
"Les autres gens ne sont pas des gens comme nous" de J.M. Erre
"Le passager" de Cormac McCarthy
"La guerre sainte de Poutine" de Sébastien Boussois & Noé Morin

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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