Comédie dramatique d'après le film Festen de Thomas Vinterberg et Mogens Rukov, mise en scène de Joël Coté, avec Céline Charroy, Emilie Delrieux, Jean-Pierre Dutruge, Frédéric Gheung, Olivier Labarre, Colette Lavollée, Abdel Fath Moussahim, Siegrid Notari, Mario Pellerin, Olivier Quentel et Janine Reguart.
Helge va fêter ses soixante ans, occasion de réunir toute la famille Klingefeld-Hansen. Sauf que cette année, si Christian, son jumeau sera là, Linda, elle, ne sera pas là car elle s'est suicidée...
"Table rase" reprend le scénario de "Festen" écrit par Thomas Vinterberg et Mogens Rukov, adapté au théâtre par Bo Hr Hansen.
L'année dernière, Cyril Teste avait déjà monté cette adaptation au Théâtre de l'Odéon en conservant le titre du film. En le changeant, Joël Coté et la Compagnie Bob & Aglaé ont finalement réussi à couper franchement le cordon ombilical avec une œuvre très marqué par le puritanisme protestant, ce que ne faisait pas vraiment Cyril Teste.
Comme le film de Thomas Vinterberg a été largement vu et discuté, que même ceux qui ne l'ont pas vu en connaissent soit l'argument soit l'ambiance "repas de famille-règlement de comptes", la version qui est ici proposée est finalement plus "légère", va plus vite et atteint franchement le cœur de son sujet.
Ce n'est plus seulement le père, ogre pédophile, qui est central, mais plutôt toute la famille avec ceux qui savaient ou faisaient semblant de ne pas savoir, tous étant pris dans une ronde infernale qui peut, même par moments, connaître ses arrêts sur image et des moments "joyeux".
Rythmé, utilisant au mieux les possibilités d'une petite scène pour que la dizaine de personnages puissent s'y mouvoir sans peine, la mise en scène de Joël Coté dissèque la famille Klingefeld-Hansen dans tout ce qu'elle a de banal. Si la situation est "extraordinaire", cela ne donne pas pour autant plus de relief aux différents protagonistes.
Surtout que, à l'instar du film de Vinterberg qui s'inscrivait dans le "Dogme" initié par Lars Van Trier, toute psychologie est refusée pour expliquer les comportements. On s'en tient à la situation et à ce qui en découle inexorablement. On tâtonne, on agit par réflexe ou par impulsion, pas à l'issue d'une analyse poussée des tenants et des aboutissants.
Une des différences avec l'oeuvre danoise tient aussi que personne ne surjoue. Pas question pour Christian, qui révèle les viols que son père a commis sur lui et sa sœur, d'être sur le registre de la provocation. Pareillement, une fois ses perversions enfin admises, le climat n'en est pas pour autant malsain ni chargé d'équivoque. Le titre est à cet égard parfaitement clair : on va faire "table rase", extirper à la racine le mal et repartir sur un autre pied.
Le plus jeune des fils reprochera à son père d'avoir, au-delà de ses crimes, tué une famille. Pêché d'autant plus grave que tous les acteurs sont à l'unisson et donnent véritablement la sensation de former un groupe familial.
On félicitera collectivement Céline Charroy, Emilie Delrieux, Jean-Pierre Dutruge, Frédéric Gheung, Olivier Labarre, Colette Lavollée, Abdel Fath Moussahim, Siegrid Notari, Mario Pellerin, Olivier Quentel et Janine Reguart pour avoir rendu crédible l'irrésistible chute de cette famille en pleine confusion entre les faux-semblants et les vrais sentiments. |