10ème édition du festival de Beauregard à Hérouville-Saint-Clair, près de Caen. Une édition spéciale puisque, cette année, pour fêter l'anniversaire, les programmateurs se sont offerts un rêve de gosse en invitant Depeche Mode à clôturer le festival lundi. On est heureux de retrouver le site ombragé de ce festival à la programmation éclectique et haut de gamme, à l'ambiance familiale, à l'accueil et à l'organisation toujours professionnels.
On suppose que ça n'a pas été facile pour le duo caennais Bafang de débuter alors que le match de football de l'équipe de France en quart de finale du mondial n'est entamé que depuis une demi-heure. Il y a peu de monde sur le site lorsque j'arrive. Je n'ai entendu que la fin du concert de la découverte du festival dont le son lourd et teinté 70's ne colle pas vraiment avec le rock world africain que vend le dossier de presse.
Sur la grande scène, c'est ensuite J. Bernardt, en échappée belle de Balthazar qui fait groover le public. S'adressant au public en français, ce qui est à saluer de la part d'un flamand, il donne entre deux chansons l'évolution du score dans le match qui oppose la France à l'Uruguay. En fin de concert, le public chantonne déjà les airs du belge.
L.A. Salami a beau avoir la veste à franges d'Hendrix et une chemise aux motifs 70's, sa folk anglaise teintée de blues sonne de manière définitivement moderne. L'utilisation de l'harmonica n'empêche pas le britannique de se lancer dans un spam revendicatif. Déjà accrocheur sur disque, la musique de l'anglais une toute autre dimension sur scène.
Hollysiz est le groupe de la sœur de Vincent Cassel, Cécile Cassel. Depuis La Bande du drugstore, petit nanar cinématographique de 2002 qui se tirait un peu trop sur la nouille, j'ignorais que Cécile Cassel avait encore une vie publique. Tant mieux, car sinon j'aurais certainement regardé le concert avec un sale a priori. Hollysiz n'invente rien, mais le son est puissant et les rythmes efficaces. Remerciant souvent, établissant un vrai contact avec le public, visiblement contente de jouer devant une foule dense, Cécile Cassel a tout donné. Et le public a répondu. Après les beaux concerts de L.A. Salami et J. Bernardt, c'est Hollysiz qui lance vraiment Beauregard dans sa dimension festive et populaire.
J'ai beaucoup aimé Charlotte Gainsbourg en scientifique confrontée aux ovnis dans Independance Day 2. Je voulais rester sur cette image, ainsi que sur celle de mannequin H&M. J'ai donc préféré ne pas me rendre devant la scène où elle jouait. Lorsque, à la recherche d'un sandwich, je suis finalement passé devant la scène John où elle interprétait en dernier titre "Lemon Incest", sur lequel elle parvenait à chanter encore plus mal qu'à l'époque de l'enregistrement du 45t avec son père, le parterre était très clairsemé. Pour être honnête, nombreux étaient les spectateurs déjà devant la grande scène à attendre Orelsan, la star de Caen, et certainement l'artiste le plus bankable de la soirée.
Orelsan était l'artiste à ne pas manquer ce soir à Beauregard. Il a réussi à vider toutes les queues devant les vendeurs de merguez et autres burgers du festival. Le public a rappliqué comme un seul homme devant la scène. Il faut dire qu'il joue "chez lui". La setlist fait la part belle au dernier album, mais intègre aussi quelques chansons du Chant des sirènes.
Ce qui surprend dans l'approche d'Orelsan de la scène est le fait qu'il soit entouré de quatre musiciens, dont un batteur et bassiste et que son concert est ponctué de solos de batterie ou de guitare dans la pure tradition du concert rock un peu ringard. Mais il s'amuse. Dès le début du concert "simple basique" enflamme le public. Chanter "la ville aux mille clochers" à Caen semble réellement l'émouvoir. Et le rythme ne faiblit pas, tout le public semble connaître les paroles de "Fête de famille". Aucun doute, le concert d'Orelsan sera un des moments marquants de cette 10ème édition de Beauregard.
Étrangement, le concert de MGMT, pour lequel je traîne un peu les pieds, se révêle agréablement planant. Le duo a ses claviers planqué derrière quelques plantes vertes et est accompagné d'un batteur et d'un guitariste eux qui n'ont rien de plantes vertes. Les animations vidéos sont riches et luxuriantes. Le dernier album a beau être décevant, sur scène, les morceaux sont transcendés. Un "Kids" longuement étiré met tout le monde d'accord, le duo a donné un set aussi beau qu'inattendu.
C'est ensuite Jack White, malgré la lumière bleue constante qui inonde la scène, qui lance les hostilités. Je n'aimais pas les White Stripes, ni les Raconteurs, je ne suis pas déçu. Je trouve les chansons gras, vieillot, sans surprise. Contrairement à MGMT, son dernier disque m'avait agréablement surpris, sur scène je retrouve malheureusement le son lourdingue et bourrin de ses groupes et disques précédents. La surprise est surtout de trouver l'espace devant la seconde scène déjà blindée alors que Jack White est au milieu de son concert. L'ensemble du public n'a donc pas forcément adhéré au rock de l'américain malgré "Seven Nation Army" en dernier titre et au moins un autre des White Stripes durant le concert.
Petit Biscuit est la seconde star caennaise de la soirée. Derrière ses platines, il s'adresse souvent au public : "Ça fait plaisir d'être de retour en Normandie, à la maison". Le set d'abord rêveur se muscle avec des morceaux plus dansants.
J'abandonne les derniers danseurs entre les mains expertes de Boris Brejcha. Beauregard 2018 démarre sur les chapeaux de roue.
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