Le samedi à Beauregard commence fort et rock. Ce sont d'abord les rouennais de The Baked Beans qui, sur la grande scène, envoient leur punk'n'roll, régressif et joyeux, à la face du public. En shorts et chemises improbables, leur rock est carré et fait bien bouger les premiers festivaliers, même si ceux-ci cherchent l'ombre par ce samedi ensoleillé. Il y a des Dogs et des Bad Brain (le groupe du Havre, pas les punks hardcore reggae américains). Bon sang normand ne saurait mentir.
Ensuite, sur la seconde scène, avec le soleil dans le dos, au contraire le public se rapproche de la scène pour profiter de l'ombre et du psyché blues heavy 70's des bordelais de Dätcha Mandala. C'est de la musique poilue et crasseuse, à l'image des trois musiciens. Il ne leur manque que le gourou, sinon on les envoyait suivre les Stones à Katmandou. Pour le coup, ils sont en plein revival, mais méchamment efficaces.
Puis les anglais de Nothing But Thieves se déchaînent sur la scène Beauregard. Ils suivent à l'oreillette les buts de l'équipe d'Angleterre qui jouent leur quart de finale au même moment, et tiennent informés le public des buts de leur équipe. Plus que Muse, comme on l'entend parfois, c'est plus du côté de Black Sabbath qu'il faut chercher les connexions musicales. Une prestation qui avait une énergie de tous les diables.
Comment passer après à Eddy De Pretto ? Finalement assez facilement d'un point de vue musical.
Par contre, il était plus que difficile d'accéder au site tellement la foule était dense.
Accompagné d'un batteur, et non plus uniquement de son iPod, il apparaît à l'aise et enchaîne des chansons qui sont finalement devenus des tubes.
Il s'adresse souvent au public, créé une vraie relation.
C'est finalement la popularité d'Eddy de Pretto qui étonne, plus que son concert mené avec professionnalisme.
Au moment où Julien Clerc va entrer en scène, la Radio 666, partenaire du festival, organise un apéro. On avait un peu l'impression de manger des cacahuètes en écoutant Radio Nostalgie.
En traversant le site, j'ai néanmoins remarqué que Julien Clerc faisait danser le public dans un esprit bon enfant.
Black Rebel Motorcycle Club était le groupe que j'avais envie de voir en cette journée de samedi. Mon attente n'a pas été déçue puisque le trio a donné un concert de rock blues bien tendu et bien sombre.
La rythmique est métronomique. L'influence des Jesus & The Mary Chain est évidente. La setlist s'articule essentiellement autour de titres de Wrong Creatures, leur dernier album en date.
Le perfecto par 25°C, ça tient chaud, mais pas question d'abandonner le costume de scène. Pourtant peu connus pour leur côté loquace, Robert Turner raconte néanmoins qu'il est heureux de jouer sur la même scène que Simple Minds et que la dernière fois qu'il les a vus, il était gamin.
En fin de concert, il laisse tomber son micro en crash barrière et descend chanter en laissant un des membres du public tenir son micro pendant qu'il continue de jouer de sa basse. Leur plaisir à l'issue du concert est évident.
Ensuite, c'est Nektruc... Feu machin... Quoiqu'il en soit, quitte à être feu-quelque-chose, il peut mourir.
Cette parodie de rappeur qui, sur scène, use des trucs les plus éculés ne nous manquera pas.
Le prix du feelgood concert de la soirée revient à Simple Minds. Une bonne partie des titres a beau être extrait de leur recommandable dernier album, le public suit.
On a quand même une palanquée de tubes de "Mandela Day" à "Sanctify Yourself", sans oublier "Someone Somewhere In Summertime", "Alive & Kicking" et bien entendu "Don't You (Forget About Me)".
Jim Kerr s'est pris un coup de vieux, mais la voix et l'énergie sont là. Il laisse sa claviériste puis sa choriste en cours de concert interpréter chacune un morceau pour reposer sa voix.
Mais il est là, fait le show, se balade d'un bout l'autre de la scène comme s'il s'adressait à chacun des membres du public... oui, même toi, la fan du 25ème rang à gauche de la scène.
D'ailleurs, c'est toi qu'il désigne du doigt. Il chante pour toi. Simple Minds, dont on n'attendait plus rien il y a 10 ou 15 ans, sont back in the game.
Pendant que j'écris ça, les Soldats Louis du punk rock californiens, enchaînent les tubes comme d'autres enfilent des perles. Disons que je me suis sacrifié pour pouvoir écrire quelques lignes.
Je me dirige vers la seconde scène pour Carpenter Brut. Sur disque, cela me fait penser à un type qui essaierait de faire du Pat Benatar uniquement avec des samples. Mais je dois revoir mon jugement puisque les trois membres du groupe cherchent aussi à combiner Europe et la musique de K2000. Je ne suis guère convaincu.
Enfin Soulwax entre en scène. Leur digitalisme devient tribal par l'apport de trois batteries. Vétus de pantalons noirs et de chemise blanches, leurs roadies portent des blouses de laborantins. Extraordinairement efficaces, ils clôturent de belle manière cette soirée pour le moins éclectique.
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