C’est une écriture du terroir que nous propose les éditions Métailié avec le nouveau livre de Gioacchino Criaco, La soie et le fusil. Gioacchino Criaco est calabrais, ancien avocat à milan qui a fait le choix de revenir dans son village d’Africo, dans l’Aspromonte, pour travailler la terre, au contact des réalités qu’il décrit dans ses livres.
La soie et le fusil se déroule sur ses terres, dans son terroir, de part et d’autres d’une vallée de l’Aspromonte et voit s’affronter deux familles, qui ne comptent plus les morts. A l’adolescence, Julien, dit le Gecko et Agnese, la nymphe, issus des lignées ennemies, tombent amoureux, sous le regard du frère jumeau, Alberto, le chiot, avec la complicité des vieilles tisseuses de soie.
Le conflit entre les deux familles va les séparer. Le père de Julien meurt, la vendetta reprend et Julien se retrouve en prison. Lorsqu’il en sort, vingt ans plus tard, Julien est prêt à retrouver Agnese sauf qu’Alberto rode toujours pour nuire à cette relation et il est impliqué dans une histoire de drogue avec des triades chinoises. Julien se retrouve alors mêlé malgré lui à un nouveau trafic, qui dépasse la Calabre et qui fait que son combat pour retrouver sa belle n’est pas encore terminé.
C’est donc l’histoire d’un amour impossible que nous raconte l’auteur calabrais, l’histoire d’une terre aussi, celle de la Calabre gangrénée par les mafias et les conflits entre familles. Le récit, construit autour de trois narrateurs principaux, le Gecko (Julien), la nymphe (Agnese) et le chiot (Alberto) nous permet de les voir évoluer au travers de leurs sentiments et de leur sensibilité.
Et les sentiments sont nombreux dans leurs récits passant de l’amour à l’amitié, de la haine à la peur. Cette terre calabraise les concentre tous et Gioacchino Criaco a un réel talent pour nous les conter. Cette terre calabraise en est aussi la cause, c’est elle, par son histoire depuis des siècles, qui produit ses désirs de vengeance, ses conflits entre famille et toutes ses rancunes.
L’auteur nous dépeint cette magnifique région, coincée entre la montagne et la mer, une terre de traditions ancestrales et mythologiques. On perçoit au travers des 200 pages du livre l’amour infini que l’auteur porte à sa Calabre tout en dénonçant la manière dont certains la traitent. Il offre enfin, un véritable hommage aux femmes calabraises, celles qui tissent la soie et qui, de par leur intelligence et leur grande patience permettent, petit à petit, à contrer la violence masculine pour faire régner la paix autour d’elles.
La soie et le fusil est un très beau livre, une superbe saga calabraise qui se lit presque d’une traite. Violences, émotions et nature splendide sont au rendez-vous de ce magnifique livre que je vous conseille vivement. |