On a découvert Broadcast il y a une petite dizaine d'années, un peu par hasard, au cours de notre quête de mélomane, via quelques singles croustillants mais distillés au compte gouttes sur des labels aussi cultes que Wurlitzer Jukebox ou Duophonic, le label de Stereolab.
Le groupe de Birmingham alliait avec brio le charme rétro-futuriste (dont Stereolab est un peu le fer de lance), et l'obsession pour les rythmiques répétitives et pneumatiques des teutons de Can.
Une compilation essentielle, Work And Non Work ainsi qu'un album réussi, The Noise Made By People, ont suivi. Sur Tender Buttons, le groupe maintenant réduit à un duo, confirme le virage légèrement austère amorcé sur le HaHA sound , sorti il y a deux ans.
Ici point de ritournelle insouciante à la "Come On Let 's Go", qu'on se cale volontiers en fond à l'apéro entre un Stereolab ou un Arto Lindsay. Tender Buttons est aussi noir et avenant qu'un complexe minier désaffecté. L'ombre de Can plane toujours, avec ces basses monolithiques et imperturbables ("Bit 35")
La voix incroyable de Trish Keenan est au diapason avec la beauté froide imperturbable et mélancolique des compositions de ce disque (écoutez d'urgence le superbe "Tears in The Typing Pool".). Sur le titre d'ouverture, "I Found The F", le débit sans expression et monotone de la demoiselle rappelle le phrasé monocorde que peut prendre Kim Gordon sur certaines compositions de la jeunesse sonique.
Tout au long de cet album, les morceaux sont traversés d'orages et perturbations électroniques discrets mais tenaces qui ricochent dans le cerveau de l'auditeur. Ces effets particulièrement insidieux donnent à "Black Cat" ou encore "Arc Of A Journey" une teneur particulière.
Mais plus encore, Broadcast rappelle à notre bon souvenir les mythiques et géniaux Young Marble Giant, sur "Mickael" ou encore "Corporeal" avec ce son si singulier qui rappelle le fameux stylphone qu'utilisaient Stuart Moxham et ses sbires. Et puis la parallèle entre les voix de Tish Keenan et d'Alison Statton , la chanteuse de Young Marble Giants, semble évident.
Tender Buttons s'achève sur "I Found The End", épilogue souffreteux porté par un piano malade, qui reprend en fait de manière épurée et glaciale le titre d'ouverture.
En ce qui me concerne, je ne veux pas trouver la fin de ce disque. "Classique", "Essentiel", voire dans quelques années "Culte", autant de qualificatifs usés et abusés par les gens qui écrivent sur les disques. Seulement ici c'est avéré…
Vous savez ce qu'il vous reste à faire…
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