Après avoir passé dix ans en tant que chef artificier au sein des précieux Chokebore, Troy Von Balthazar a décidé de laisser ses camarades sur le bord du chemin pour se lancer dans une aventure solo…
Ceux qui ont côtoyé le groupe pendant cette quasi-décennie le savent, l'auteur compositeur originaire d'Hawaï est passé maître dans les chansons délicieusement torturées, sculptées à grands coups de lancinantes guitares saturées.
Cependant sur ce premier album éponyme, Troy a décidé de remiser les guitares électriques au placard, pour façonner une quinzaine de miniatures de folk bricolé, magnifiquement rehaussé d'arrangement de piano et d'orgues délicieusement patraques et mélancoliques. Car même sans électricité, les compositions du beau Troy restent aussi menaçantes et dangereuses que les déferlantes de son cher archipel.
A l'écoute de ces morceaux, on a l'impression de sortir d'une essoreuse, tant ces chansons sont gorgées jusqu'à l'os de mélancolie poisseuse et vénéneuse. Il faut dire que l'album est hanté par les maîtres de la balade triste : certains morceaux de cet album ont été composés chez Léonard Cohen… L'album a été enregistré dans le studio d'Elliot Smith…
Ecoutez donc ce magnifique "Magnified". Ailleurs Troy fait des merveilles à partir de bouts de ficelles. Sur "I Block The Sunlight et Heroic Little Sister", il greffe des synthétiseurs et des rythmes malades et minimalistes sur des pépites folk, pour un résultat qui laisse pantois.
"Rainbow" reste sans hésitation le sommet de ce disque. Pendant près de trois minutes, une guitare à rebrousse poil accompagne la complainte monocorde du bonhomme… Un morceau que l'on dirait sorti tout droit d'un disque de … Chokebore.
Troy Von Balthazar est un disque dangereux, incroyablement beau mais qui fiche aussi une sacrée frousse. Avec ces compositions folk ascétiques mais bouleversantes, il semble qu'on tienne un peu l'équivalent masculin de Chan Marshall, de Cat Power. |