1989 : un voyage scolaire en Allemagne vient bouleverser votre vie tranquille de collégien provincial : votre corres' est super bizarre : il est nourri au grain (de houblon de préférence), a les cheveux longs et permanentés et porte un pantalon noir super étroit, des bandeaux de tennis aux poignets et une superbe veste en jean sans manche ornée de badges en tissu brodés avec des noms de groupes inconnus : Iron Maiden, Judas Priest, Saxon, Helloween, Metallica.
Vous êtes limite terrorisé, car dans le genre subversif, vous êtes loin du compte avec votre look de communiant et votre culture musicale qui se limite à Midnight Oil ou aux peu fréquentables Simple Minds… Mais bon, sous ses airs de Hun mal luné, votre corres' est plutôt cool et il vous initie de bon cœur aux joies de ce qu'on appelle le Heavy Metal.
Vous rentrez métamorphosé, et le corres' vous envoie des cassettes de Steve Vai, Metallica, Wasp, Slayer… Votre mère vous trouve changé, une cacophonie s'échappe sans cesse de votre chambre, vous vous laissez pousser les cheveux et votre trousse est barbouillée de noms aussi avenants que Morbid Angel, Megadeth, Manowar. Votre maman s'inquiète et regrette que vous ayez pris allemand en deuxième langue…
Et puis au lycée et à la fac tout change : vous ne jurez que par Sonic Youth, le Shoegazing et Tortoise voire le free jazz… Vous copiez tous ces groupes ultra cools sur vos vielles cassettes, vous jetez vos T Shirts de Judas Priest et consorts. C'est décidé, le Hard-Rock, c'est ringard et c'est uniquement pour les blaireaux…
Et puis courant septembre 2005, vous tombez sur le Closing In du groupe Early Man.
Au début, vous pensez à une blague de potache. Vous vérifiez le label : le disque est bien sur Matador, bien connu pour accueillir la crème du rock indé américain, mais vous n'en croyez pas vos oreilles.
La musique qui sort des enceintes sonne comme une compile de 90 : vous jurez entendre des inédits de Judas Priest, des solos interminables à la Steve Vai, plus loin vous êtes persuadé de reconnaître un riff de Metallica circa Ride The Lightning, avec en prime un clone vocal de James Hetfield … Même le titre fait peur : "Evil Is" .
Mais en fait, les onze titres de cet album sont du même acabit, soit onze hymnes révérencieux envers le Speed Métal, le Hard-Rock ou encore le Heavy Métal. Au début, ce disque fait doucement sourire, et puis au milieu du disque, vous vous prenez au jeu, tapez du pied et remuez la tête d'avant en arrière. En fait, c'est plutôt bien fait…
Même s'il y a peu de chance que ce disque devienne votre disque de chevet, à moins d'être fan inconditionnel de métal, vous pourrez l'écouter peinard à la maison, quand vos potes péteux et prétentiards qui écoutent uniquement les disques d'improvisation de Thurston Moore ne sont pas dans les parages… |