Réalisé par Arunas Zebrunias. Lituanie. Comédie dramatique. 1h05 (Sortie le 22 août 2018 – 1ère sortie 1969). Avec Inga Mickyté, Lilija Zadeikyté, Arvidas Samukas et Tauras Ragalevicius.
D'abord féliciter le distributeur indépendant E.D. Avec "La Belle" d'Arunas Zebrunias, Manuel Attali et sa petite bande montrent une fois de plus qu'ils aiment le cinéma, ont le don de dénicher des perles rares et l'envie de partager leurs coups de cœur avec le public.
Il aura donc fallu un bon demi-siècle pour que "La Belle" sorte dans les salles françaises.
Attention ! Ce n'est pas parce qu'Inga danse au son d'une envoûtante ritournelle "enfantine", que "La Belle" doit être estampillé "film pour enfants".
Car "La Belle", qui commence par un très beau 360°, est une œuvre qui raconte l'enfance avec une telle générosité, une telle malice, une telle poésie, qu'elle s'adresse aussi bien à ceux qui sont en train de vivre leur dix ans qu'à ceux qui les ont déjà vécu depuis longtemps.
Le cinéaste, Arunas Zebrunias, disait que ses films étaient des "films pour adultes sur les enfants" et c'est incontestable que "La Belle", dans son noir et blanc intemporel (presque un "noir et blond" tant les cheveux d'Inga irradient), avec sa durée (trop courte) et son imprégnante musique (de Viaceslavas Ganelinas) exhale le parfum de l'enfance.
Une enfance qui s'enfuit ou se corrompt un peu quand apparaît un intrus qui ne respecte pas les jeux qui fédéraient les petits garçons et les petites filles de ce quartier populaire de Vilnius.
Oh ! Il n'est pas méchant ce "nouveau garçon". Simplement, il cherche sa place dans le groupe et pour l'obtenir il faut bien se faire remarquer et raisonner...
Car Arunas Zebrunias le proclame sans le claironner : l'imagination est l'ennemi de la raison, la poésie celle de la réalité. Alors, mettre en doute la beauté de la "Belle", la dire "laide", ce n'est pas qu'une proposition gratuite et anodine...
Dans "La Belle" d'Arunas Zebriuna, l'enfance heureuse est soudain assiégée par le monde des grands. Mais qu'à cela ne tienne : les enfants, et particulièrement Inga, l'incroyable petite blonde maigrelette aux yeux si scrutateurs, ont de la ressource. Ils ont compris qu'il faut danser, avec les pieds, avec les mains... et que le mauvais goût des adultes n'y résistera pas.
Mine de rien, sorti de son néant, "La Belle" d'Arunas Zebrunias est peut-être un des plus beaux films que l'on verra dans sa vie. En tout cas, si l'on se refuse aux superlatifs dévalorisés, "La Belle" est un film comme on en voit peu. Sa fraîcheur est intacte. Sa beauté aussi.
Il faut courir jouer avec Inga et ses amis pour comprendre que le temps a beau tout faire pour donner l'illusion du contraire : jamais aucune enfance n'est perdue.
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