Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce L'Amour est une fête
Cédric Anger  septembre 2018

Réalisé par Cédric Anger. France. Comédie. 1h59 (Sortie le 19 septembre 2018). Avec Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Michel Fau, Camille Razat, Xavier Beauvois, Elisa Bachir Bey, Marilyn Jess, Josephine de la Baume et Quentin Dolmaire.

Décidément, en ce moment, le porno des années 1970-1980 a la côte. Alors qu’aux Etats-Unis, David Simon signe la série télévisée "The Deuce", qui explore la naissance de l’industrie pornographique, Yann Gonzalez proposait, il y a quelques mois, une vision assez psychédélique de ce monde avec "Un couteau dans le coeur". C’était une rêverie sanglante, exubérante et angoissante.

A partir du 19 septembre 2018, c’est au tour de Cédric Anger de revisiter cette période dans une fiction assez déjantée, "L’Amour est une fête".

L’amour, c’est quand l’autre est une fête, écrivait Roland Barthes dans les "Fragments d’un discours amoureux". Dans le film de Cédric Anger, la fête est partout. Visuellement, c’est une débauche de couleurs, de musiques, d’expériences à laquelle l’évocation des années 1980 est propice. Un monde de la nuit aux tons chauds, où les corps se dénudent sous des projecteurs rouges, où les néons de Pigalle percent la nuit pour donner naissance à un autre monde, un Paris de lumière qui émerge quand le soleil se couche.

Cette nuit est le royaume de Franck (Guillaume Canet) et Serge (Gilles Lellouche), tout en blond platine et rouflaquettes. Ils règnent sur le Mirodrome, une boutique et salle de strip où de longilignes créatures affolent les clients.

Avec eux, le champagne coule à flot, la cocaïne circule allègrement pendant les fêtes. Sauf que Franck et Serge sont deux flics infiltrés, cherchés d’enquêter sur le blanchiment de l’argent dans le milieu du porno. Un marché prospère, où fait son beurre l’inénarrable Maurice (Michel Fau), producteur de films pour adultes.

Sur cette vague trame policière, Cédric Anger rend hommage à ce monde où les corps librement exultent. Point de moralisme ici, point de portrait sinistre d’un monde souvent représenté comme crapoteux. Les filles et les patrons du Mirodrome sont décrits comme une grande famille, où l’on prend soin les uns des autres. Cette famille est d’ailleurs, pour Serge, infiniment plus séduisante que la sienne, dans un petit pavillon de banlieue gris, bien loin des folies éclatantes de la nuit.

Si Cédric Anger ne creuse pas les aspects les plus sombres de ses personnages - déprime et rage de Serge devant l’ennui de la vie de famille, addiction à la drogue de Franck- il excelle en revanche dans le registre comique, que ce soit pour une hilarante confrontation entre Serge le jouisseur et Franck le maniaque dans une voiture, dispute qui tourne à la scène de ménage, ou pour faire le portrait de ces excentriques cinéastes et producteurs qui ont fait les beaux jours du porno français.

Cette galerie de personnages joyeusement fêlés est sans doute la plus belle réussite de "L’Amour est une fête". Ainsi, ce cinéaste campé par Xavier Beauvois, grand pro du porno, désireux de réaliser un "Citizen Kane 2", ou ce producteur joueur de mastermind, sorte de gourou qui vit au milieu des bois entouré de trois belles actrices.

Et les femmes, dans tout cela ? Elles sont omniprésentes, tout en étant curieusement inexistantes. Mis à part le personnage de Caprice (Camille Razat), qui a le droit à un développement, toutes restent en retrait, de belles silhouettes très peu caractérisées, qui se plient aux instructions données par les hommes. Certes, "L’Amour est une fête" insiste sur le plaisir féminin, mais ce droit au plaisir ne suffit pas faire des femmes des personnages aussi mémorables que les personnages masculins.

Pour tous les personnages, faire l’amour, qu’il y ait ou non une caméra, est aussi naturel que respirer. Il n’y a jamais, chez les filles, de nostalgie d’une pureté perdue, de dégoût devant leur activité. Au contraire, le porno est à la fois un travail, dirigé par un metteur en scène avec sa vision, et une joie, où la jouissance est réelle.

On parle levrette, fellation et sodomie avec autant de simplicité que si l’ont commandait une tasse de thé ; toute une équipe est rassemblée pour donner naissance à un monde de fantasmes, où les actrices doivent penser à donner de la voix pour le perchman, où l’on se maquille et se costume.

Cédric Anger restitue pleinement à cette branche méprisée du cinéma son potentiel récréatif, son imaginaire, la vision de ceux qui le faisaient. Cet hommage tendre n’est pas sans nostalgie pour un cinéma qui, à l’heure de Youporn et des visionnages solitaires sur les écrans d’ordinateur, semble joyeux et bon enfant. Un monde qui devient même édénique et solaire, porté par la belle musique de Grégoire Hetzel.

 

Anne Sivan         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=