Monologue dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Sarah Kane interprété par Raissa Bedjaoui.
Dramaturge britannique, Sarah Kane a écrit cinq pièces avant de se suicider à 28 ans,en 1999. "4.48 Psychose" est sa dernière œuvre, une œuvre posthume qui parle, comme la précédente ("Manque"), du suicide.
On y découvre une jeune femme psychotique qui monologue, et qui parle évidemment de l'acte définitif qu'elle a prévu pour... 4 heures 48. Par moments son flot poétique est interrompu par une voix off qu'on suppose être celle de son psychiatre.
C'est dire si "4.48 Psychose" est un moment d'une noirceur peu commune et s'il nécessite de la comédienne qui s'y confronte une vraie performance physique et mentale.
A la fois metteur en scène et interprète, Raïssa Bedjaoui n'a donc pas choisi la facilité. Sur une petite scène, avec une chaise comme seul élément de décor, le plus souvent dans la pénombre, elle empoigne le texte en se déjouant de ses difficultés.
On la sent tendue, mais peu à peu elle trouve l'équilibre entre un texte qui ne se laisse pas vraiment apprivoiser et son travail de comédienne qui doit se méfier à tout instant d'être sur la voie de la maîtrise.
La pièce de Sarah Kane étant écrite par une jeune femme qui a pris la décision irrévocable de supprimer, il faut que l'actrice soit constamment tiraillée entre un esprit fort et un corps faible. D'un côté, il faut qu'elle se montre d'une grande force pour aller jusqu'au de ses actes, de l'autre, elle doit se débrouiller encore un instant avec un personnage vulnérable et fragile.
Dans cette version dépouillée, ascétique, dans laquelle une vie éphémère va bientôt se retrouver face à son destin, le théâtre est aride et sans lumière.
Attention, le spectateur n'est jamais voyeur. S'il subit les mots de la malade, il ne voyage pas au bout de sa nuit. Quand elle prononce sa réplique finale, "S'il vous plaît levez le rideau", on n'est ni soulagé ni apaisé d'avoir été jusqu'au bout.
On reste plutôt abasourdi, seulement capable de remercier Raïssa Bedjaoui qui a pris le risque d'un texte poétique qui n'aime pas les concessions. |