Si The Innocence Mission existe maintenant depuis plusieurs décennies, ce n’est que depuis l’album Birds of My Neighborhood en 1999 que le groupe originaire de Pennsylvanie s’est stabilisé et fonctionne sous sa forme actuelle, en trio avec Karen Peris au chant et à l’origine de la plupart des compositions, son mari Don Peris à la guitare et Mike Bitts à la basse.

Fan de la première heure, Simon Raymonde (ex Cocteau Twins) après avoir fait participer Karen Peris à son projet Lost Horizons, a logiquement fait signer The Innocence Mission sur son label Bella Union pour cet album Sun on the Square, première parution après plusieurs années de silence.

Le groupe a tout d’abord offert comme mise en bouche le titre "Green Bus" qui sonnait déjà comme une évidence : pas de bouleversement au programme mais plutôt un statu quo rassurant avec une atmosphère et un savoir-faire qui font la marque de fabrique de la formation. Le trio nous embarque à nouveau dans une succession de titres folk, épurés, joués tout en retenue. Le délicat "Records from your room" donne le ton et le reste est au même niveau, élevé. Peu d’instruments, quelques arrangements soyeux, le tout au service des compositions et de la voix magistrale de Karen Peris qui n’est pas sans rappeler celle de Harriet Wheeler des regrettés Sundays. A part "Star of Land and Sea" laissé à Don, c’est bien le chant de Karen qui apporte une fragilité bouleversante à des titres comme "Look out from your window" ou "Light of Winter". Des cordes discrètes s’immiscent parfois pour sublimer des morceaux comme "Shadow of the pines", un des sommets de l’album. A ce compte là, il n’est pas étonnant qu’un Sufjan Stevens ait pu déclarer sa flamme à ce groupe.

Passez votre chemin si vous recherchez le dernier groupe à la mode, la nouvelle tendance musicale ou une production tape-à-l’œil. The Innocence Mission offre au contraire avec Sun on the Square un album refuge, intimiste, hors du temps qui, par sa subtilité et sa justesse, a tous les atouts pour devenir un compagnon fidèle.