Le bruit dehors
(Yovo Music / L'Autre Distribution) septembre 2018
Il y a des princes pas charmants et des horizons sans lendemain, mais "la neige s’étale comme un style, et la neige nous sauvera, elle recouvrira nos bêtises, comme l’oubli conjure le désordre" ("Et la neige"), du coup, c’est pas comme si on était complètement perdus.
A petits pas, un piano et une guitare s’avancent, glissent des accords et rejoignent la voix de Goël, puis les violons répondent à l’optimisme triste de l’artiste, ponctuant ses propos comme des poings sur les hanches appuient les propos. Le bruit dehors est son premier album.
Le métal, les arts, la philosophie et l’intérim ont modelé la sensibilité de Gilles Grohan, un univers fait de balades pop-folk, réminiscences de champs de blés écrasés sous le soleil et de paysages silencieux troublés par l’écoulement d’un ruisseau et les palabres de volatiles.
"Autour des fers qui dansent et des claviers immenses, que tu m’as collé dans les mains contre les tempes, penses-tu que l’on charme en réglant leur vacarme, les vieux serpents de mon espèce qu’on peut ensevelir" ("Ma lyre"). Les cordes s’agacent, s’élancent dans un galop propre à décoiffer les coiffés-décoiffés les plus travaillés, l’énergie de l’artiste émerge d’un refrain à l’autre, entre deux couplets posés, un coup de vent, une émotion.
Les éléments sont présents dans l’album, chaque titre réserve la surprise d’une atmosphère empreinte de la grâce légère réservée aux patineurs émérites, teinté d’emballements cardiaques, causés par une rencontre, une révolte, un émoi, un geste… Le vent, le feu et la glace.
"Chacun se tourne de grandes phrases, et s’entraîne à les aboyer, sur le vieux ponton les rires écrasent les petites voix qui doutent, chacun commence à jeter ses râles, tous ces vieux bâtons mouillés, pour du bois sec et des lance flammes se préparent au feu" ("Le feu des bouches"). Des insanités entendues et des joutes stériles, que de vaines paroles ont empoisonné le silence de leur fiel… "Tant que nous reste la salive, postillonnons".
Dans ce premier album, Goël explore l’intimité des cordes et des échos, le vide et le plein. L’énergie se devine dans le rythme des titres, dans les airs de Goël, dans le ton donné aux paroles. Le bruit dehors est forgé de l’aura de mystère des faux-calmes, sous leurs airs nonchalants et mélancoliques se camoufle une âme reptilienne bouillonnante, qui déverse sa lave sur la bêtise, l’ennui et les injustices. Et en français s’il vous plaît.
Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.