"Aman, aman... Quand l’homme naît, le crève-cœur naît et quand la guerre bat son plein, le sang ne se compte pas."
"Je brûle, je brûle", Nikos Gatsos
L’aridité, l’âpreté d’une musique n’a jamais forcément empêché la magie d’opérer. On peut sortir des sentiers battus, préférer ceux qui sont balayés par les vents et caressés par un profond soleil et toucher ostensiblement l’auditeur.
Le nouvel album de Jim Yamouridis fait partie de ses disques, magiques, qui vous emportent directement, qui ne vous lâchent pas, qui simplement semblent vous parler intimement. Cette voix comme venant d’outre-tombe aide. Comme dans ses autres albums, on retrouve une écriture fine, précieuse. Populaire dans le noble sens du terme.
Mais ce The Other Side se développe autour d’une musique modale, tirées de modes anciens et traditionnels, qui va extraire sa substantifique moelle dans les Rembetiko. Une musique née vers la fin du XIXe siècle, jouée dans les fumeries clandestines de haschich stambouliotes et qui raconte une certaine mélancolie, des sentiments. Elle parle du peuple, de la vie et n’hésite pas à être contestataire. Elle est l’exacte opposée du Sirtaki, cette musique inventée de toutes pièces par le cinéma.
Jim Yamouridis ne cache rien. Il est là face à nous juste avec sa guitare. Ici, il est aussi question de vérité. On imaginerait très bien son profond regard plonger dans le nôtre. On ne peut que rester silencieux. Impossible de se détacher de ce regard, de cette voix, de ces mélodies. Le lien avec l’auditeur, ce lien si important, ce mouvement prodigieux et quelque part si mystérieux, semble insécable. Intensément beau. Idéal pour se noyer dans son raki. Des profondeurs naissent la lumière...
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