Monologue dramatique de Amanda Sthers interprété par Camille Razat dans une mise en scène de Volker Schlöndorff.
Pour tous, elle est Sophie, une jeune fille blonde de vingt ans. Mais elle, se voit en Jospeh Rosenblatt, un vieux juif de 77 ans rescapé d'Auschwitz, qui entend des violons dans sa tête et confesse une vie de douleur.
La relation conflictuelle de Sophie avec ses parents se mêle au destin de Joseph pour ne former qu'un seul être. Devant une forêt de bouleaux (symbolisant Auschwitz) dont les feuilles jonchent le sol, Volker Schlöndorff propose une version aussi brillante que bouleversante du texte d'Amanda Sthers, réussissant le fragile mélange entre l'humour des répliques et le fond d'intense gravité.
Toute sa mise en scène, d'une précision parfaite autant que d'une esthétique magnifique, est un bijou. Déjà vue au cinéma, c'est le premier rôle au théâtre pour Camille Razat. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle ira loin.
A l'opposé de toutes les jeunes comédiennes au jeu stéréotypé, elle rend touchantes les maladresses de son inexpérience des planches mais cela, doublé d'un formidable instinct de comédienne.
Merveilleusement dirigée par Volker Schlöndorff, elle éblouit à chaque regard, qui en dit long sur l'état intérieur de Sophie, chaque réplique qu'elle profère avec une innocence rafraichissante et une présence rare. C'est un vrai bonheur. Elle parvient à rendre limpide ce texte complexe. On peut dores et déjà parier qu'elle sera une très grande comédienne.
Accompagnée par Stanislav Makovsky, à l'archet discret et précieux dont chaque son colore le monologue de "celui qui entend un violon dans sa tête", Sophie/Joseph raconte son histoire originale et teintée d'humour, cachant une indicible et profonde mélancolie.
"Le Vieux Juif Blonde" consacre indéniablement la révélation de Camille Raza dans la mise en scène sublime de Volker Schlöndorff.
Flamboyant. |