Spectacle conçu et mis en scène par Fanny Touron, avec Emeline Castaneda, Nade Dieu, Kloé Lang, La Louise et Fanny Touron accompagné par le musicien Thibault Ducy.
D'abord, il faut rassurer toute la petite troupe féminine menée par Fanny Touron : elle n'a pas besoin de plus d'un mètre carré pour exister.
Même s'il n'était que virtuel, ce petit mètre, le quatuor en vestes et pantalons gris noir saurait s'en servir pour se faire remarquer, pousser des coups de gueule et participer au happening féministe quotidien organisé par Fanny Touron, sise sur le haut d'une échelle-perchoir et de toute de blanc affriolant vêtue. Quant à leur pianiste Thibault Ducy, il saurait, comme il le fait déjà, ne point se mêler, en tant que minorité visible masculine, à leurs chamailleries et s'intéresser uniquement à son instrument qu'il pratique particulièrement bien.
Spectacle total avec chants, musiques, chorégraphies, cris primaux, "Un petit mètre carré pour exister" a tout de l'auberge espagnole. On y entendra plusieurs chansons originales, parfois très rock, parfois plutôt chansons comiques. On y assistera tour à tour à des saynètes distrayantes et à des conversations pas forcément passionnantes et sans conteste improvisées sur la féminine condition.
On aura aussi le privilège d'en savoir plus sur Lilith, la première femme rebelle et celle qu'on oublie toujours parce qu'elle n'est pas aussi nunuche qu'Eve et donc pas du tout soumise à Adam.
Fanny Touron la raconte avec beaucoup d'admiration et veut la transformer en porte-étendard des femmes en lutte contre tous les machos de tous bords et de tous temps. En tant que "conteuse", elle tient en haleine le public et nourrit son spectacle chaque fois qu'il semble s'essouffler.
Elle relaie ainsi Emeline Castaneda, Nade Dieu, La Louise et Kloé Lang, chacune performeuse de l'extrême et prête à en découdre jusqu'au bout de sa fatigue et de son imagination.
Si l'on supporte quelques facilités féministes, qui sont tout autant des préjugés que certains propos phallocrates, "Un petit mètre carré pour exister" déborde d'énergie et de générosité dans son combat donquichottesque contre la domination masculine.
Les pires tenants de la cause des mâles devraient en convenir : elles sont coriaces et jamais ridicules dans un combat qu'elle savent rendre ludique, et qui force le respect. |