Réalisé par Michel Ocelot. France/Belgique/Allemagne. Animation. 1h35 (Sortie le 10 octobre 2018).
S'il était Japonais comme Hayao Miyazaki, Michel Ocelot serait "un Trésor National Vivant". Avec "Dilili à Paris", il a en tout cas rejoint le cercle très rare des réalisateurs de dessins animés qui s'adressent à tous les publics et ne cible pas particulièrement les jeunes enfants.
Et il le fait avec une malice de tous les instants. Ainsi, quand commence son film, on découvre une petite fille à la peau marron dans ce qui semble son village traditionnel. Ocelot ne referait-il pas là un remake de Kirikou, son emblématique héros déjà vu dans trois longs-métrages ?...
Et puis, mouvement de "caméra" : on s'aperçoit que Dilili est une des "actrices" de l'Expo Coloniale ! Une actrice bien particulière, tant son élocution est soignée... Et, en deux temps trois mouvements, grâce à Orel, un livreur opportunément spectateur de l'Expo, là voilà dans son triporteur à l'assaut du Paris de la Belle Epoque.
Partie dans un merveilleux décor de cartes postales à la rencontre de toutes les célébrités des années 1900 au sens large, puisque, dans le tourbillon de ses aventures, elle croisera Proust et Eiffel, Picasso, Colette et Sarah Bernhardt. En tout plus d'une centaine de personnages réels, que Michel Ocelot s'amuse à dessiner en prenant pour modèles leurs portraits les plus célèbres.
Dans "Dilili à Paris" de Michel Ocelot, Paris est vraiment une fête de chaque instant où tout est beau, des Palais aux toilettes des femmes, des rues aux automobiles et même aux égouts.
Mais il ne s'agit pas pour la petite fille lettrée et très polie d'une simple promenade touristique entrecoupée de la déclinaison d'une litanie de noms célèbres. Car le Paris dessinée d'Ocelot a aussi pour écho celui de Fantomas et d'Arsène Lupin...
En effet, une mystérieuse organisation sème la terreur dans la capitale : les "mâles-maîtres" et le sort qu'elle fait subir aux petites filles enlevées est plein de résonances modernes que Michel Ocelot sait traiter avec beaucoup de tact, ans avoir besoin de stigmatiser qui que ce soit.
Ainsi "Dilili à Paris" de Michel Ocelot renvoie aux atmosphères feuilletonesques de toutes ces années. On pense évidemment aussi à Louis Feuillade, même si - sauf erreur - Dilili ne croise ni Irma Vep ni Musidora.
Rythmé autant que raffiné, ce qui peut être considéré comme le chef-d'oeuvre de Michel Ocelot est une féérie de chaque instant, un plaisir des yeux qui fait aussi rire et sourire.
Son message humaniste n'est pas lénifiant et l'on remerciera Orel d'avoir pédalé à tout allure et parcouru Paris de part en part pour sauver Dilili des griffes des mâles-maîtres et pouvoir couler des jours heureux dans ce monde parisien idéal où les arts et les lettres sont constamment à l'honneur.
Sans exagérer, "Dilili à Paris" de Michel Ocelot est une splendeur. |