Drame d'après l'oeuvre éponyme de Frank Wedekind, mise en scène de Marion Conejero, avec Laure Duedal, Gaëlle Battut, Lucile Chevalier, Paul de Monfort, Thomas Silberstein, Bastien Spiteri et Mateo Lavina-Zerkalâ.
Avec une entame plutôt originale : une bande d'élèves de terminale tentent d'achever un travail commun sur l'histoire de la pièce de Frank Wedekind et notamment le suicide d'un élève, on pouvait penser à une adaptation moderne de "L'Eveil du Printemps".
Mais ce n'est pas exactement le cas car Marion Conejero fait rapidement jouer à ces mêmes lycéens les rôles des protagonistes de l'histoire. La métamorphose se fait très bien et l'on accroche vite à ce passage de l'un à l'autre.
Là où le bât blesse, c'est que l'adaptatrice et metteuse en scène, dont les coupes de texte sont par ailleurs judicieuses, a opté pour une modernisation "partielle" du texte : des scènes sont assorties de tics de langage actuel tandis que pour d'autres, le texte d'époque a été quasiment respecté. Il en résulte évidemment un manque d'unité flagrant et cela rend hélas l'ensemble un peu bancal.
C'est un peu dommage, car en dépit de cette réserve, "L'Eveil du Printemps" ne manque pas de qualités. Les acteurs sont tous justes, doués et formidables car bien dirigés. Ils emportent le morceau dans des échanges tendus restitués avec conviction et une technique irréprochable. L'ensemble est mis en musique avec réussite par Zerkalà.
Toute la troupe est impressionnante de fougue et offre au spectateur quelques très beaux moments comme cette merveille d'intermède chanté à la mort de Moritz ou de superbes images dans une mise en scène dynamique et à l'esthétique maîtrisée.
Assez pertinente également, une liste de fait divers et de chiffres egrenés concernant les jeunes du 21ème siècle qui montre que la jeunesse d'aujourd'hui est assez proche finalement de celle d'il y a plus de cent ans : déboussolée et angoissée face à une société répressive.
"L'Eveil du Printemps" par la prometteuse Compagnie Les Chiens Andalous malgré un va-et-vient entre texte original et adaptation très libre montre néanmoins la force du propos et la profondeur du texte de Frank Wedekind qui résonne encore aujourd'hui de façon très actuelle. |