Spectacle musical conçu et interprété par Yanowski et Fred Parker dans une mise en scène de Emmanuel Touchard. Entrer au "Delusion Club", c'est prendre un billet pour un voyage improbable et vertigineux, une descente directe dans des zones marécageuses et putrides. Yanowski, l'auteur des textes, une nouvelle fois s'amuse de l'âme humaine et à la façon d'un Dostoïevski, va en extraire la beauté à travers la noirceur la plus totale.
C'est donc dans des cabarets miteux qu'échouent les deux compères et qu'ils vous téléportent pour un périple semé d'histoires rocambolesques, des farces grandioses, de crimes dans les bas-fonds et des surprises incongrues. Et pour les raconter, le meilleur des duos.
On croisera dans ces récits qui sortent de la voix caverneuse de Yanowski comme du plus profond des ténèbres : un écrivain tentant d'empêcher les crimes annoncés dans son propre roman, une banque responsable de la crise qui organise une vente aux enchères d'objets permettant de se suicider, une marionnette qui prend le pouvoir...
Et dans le texte imagé et la langue savoureuse de Yanowski, mêlés aux notes luxuriantes de Fred Parker au piano, ces histoires prennent des dimensions surréalistes ahurissantes. Il y a leur parfait accord, la précision des gestes et de la diction du chanteur qui donnent à ce spectacle une efficacité redoutable.
Les deux illusionnistes (qui iront même jusqu'à inverser leurs rôles) vous convoquent à un drôle de rêve éveillé où, avec son incomparable talent de conteur, Yanowski (difficile de faire plus théâtral que lui) vous entraîne, telle une sirène mutante nourrie aux OGM, dans des délires dont les phrases les plus lubriques côtoient la pureté extrême des sentiments.
Ce retour du duo constituant Le Cirque des Mirages est une bonne surprise car on retrouve l'univers de leurs débuts dans un tour de chant sous le signe de l'amour et de la mort, riche de leurs meilleurs ingrédients (le lyrisme, l'humour, l'absurde, la folie) qu'ils délivrent avec toute la maestria qui est aujourd'hui la leur.
Entrez, entrez on vous dit. Osez donc pousser la porte du "Delusion Club", vous ne le regretterez pas !
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