Alors que le précèdent disque très expérimental était censé s’écouter d’une traite comme un long morceau, ici on retrouve le format chanson, heu pardon piste enfin je veux dire track, oui je suis moderne moi aussi, donc pour vous pitcher le disque je dirai que les tracks ont un sound design totalement trendy, fait par un maker certes senior mais totalement culte et encore dans le game avec ces sons.
Concrètement, on retrouve les expérimentations trip pop de Travaux sur la N89 mais en les adaptant, sans les pousser plus loin mais au contraire en les utilisant mieux, c’est-à-dire aller vers plus de simplicité et moins vers un millefeuille de sons. Il a gardé les idées de boucles, les gimmicks percutants, les phrases entêtantes, en laissant un peu tombé les effets de ruptures, en tout cas il en abuse moins. On en retrouve à la fin de "Gazoline" par exemple où, surgissant de nulle part, une fanfare "cirquesque", ou sur "Silvana", chanson en deux parties. On retrouve également une habitude de Murat, celle de mettre ici ou là, des sons de films, des extraits de dialogues, pris on ne sait où mais aussi des sons plus organiques, des oiseaux, la nature, ce qui conforte l’impression d’un album non seulement ouvert sur l’extérieur mais aussi sur le monde.
Qu’est-ce que tu viens nous chanter là ? Ce n’est pas moi qui pose la question mais lui-même, et ça se pose effectivement comme question également sur ce disque quasiment pas de référence à l’Auvergne. On ne passe pas par la Godivelle, on est plus à L.A. ou à Naples, à peine un "Ciné Vox" (très grande chanson du disque) en écho "Au Mont Sans-souci", plus de chevaux, plus de Bourboule, mais toujours de l’Amérique fantasmée, des maréchaux Napoléoniens, comment autant d’anciennes vies, d’autres vies et évidemment des idées de mort et un peu d’amour.
Et toutes ces histoires, ces chansons sonnent d’emblée, comme évidentes, et en plus elles supportent parfaitement une écoute compulsive et multiple, jamais lassant et ennuyeux. Murat abandonne un peu son "univers" qui nécessitait de "rentrer dedans", le premier extrait par exemple "Hold up" est percutant et accrocheur, au texte plus profond qu’il n’y paraît sur les relations amoureuses et leur limite, ou alors peut-être est-ce la peur maladive des hommes de l’engagement, de même que "Je Me Souviens" toute en simplicité musicale qui clôt magistralement l’album. Evidemment, comme souvent la poésie muratienne peut sembler obscure alors qu’elle n’a jamais été aussi simple et belle.
Finalement, cela compose un recueil de très bonnes chansons totalement dans l’air du temps sans aucune concession à celui-ci mais avec une vraie sincérité, cela ne sonne jamais comme le vieux chanteur qui veut faire jeune, "découvrez Jean-Louis Murat qui reprend Kanye West", on sent qu’il a parfaitement compris et assimilé les codes sans rien sacrifier ni son style ni son écriture, ils en sortent au contraire grandis et enrichis, il restitue parfaitement le son de l’époque avec des chansons qui resteront des classiques longtemps. Et peu importe si c’est de la chanson française ou pas.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.