Autant le dire tout de suite, je ne suis pas un grand admirateur de Phillippe Meirieu, ce professeur émérite en sciences de l’éducation à l’université de Lyon déjà auteur de nombreux ouvrages, notamment Le plaisir d’apprendre et Lettre à un jeune professeur.
Enseignant, j’ai souvent tendance à le considérer comme un pseudo pédagogue, éloigné des contraintes du terrain qui s’est spécialisé dans des conseils bienveillants, englué dans un vocabulaire pédant qui ne m’intéresse pas pour mon activité quotidienne. Il est aussi pour moi l’un des concepteurs de quelques usines à gaz instaurées dans nos établissements au gré des différentes réformes.
Encarté à gauche, au PS puis à Europe-Ecologie, j’avoue avoir été un peu curieux de voir ce que pouvait penser le bonhomme de l’action de notre ministre actuel de l’Education nationale. Je me suis donc plongé dans son nouvel ouvrage, sans aucune attente précise, sans grand espoir non plus de me retrouver dans ses réflexions. Alors voilà, j’ai lu La Riposte, son nouvel ouvrage, publié aux éditions Autrement et je dois bien avouer que j’ai trouvé cet ouvrage plutôt intéressant, allant même jusqu’à être d’accord avec certains propos de l’auteur.
Avec cet ouvrage, l’auteur appelle à en finir avec ce qu’il nomme "le miroir aux alouettes" pour relever les vrais défis éducatifs qui nous attendent. Pour lui, ce miroir aux alouettes repose sur la confrontation entre les anti-pédagos et les hyper-pédagos. Pour les anti-pédagos, l’instruction ne se négocie pas et passe par une rencontre avec les savoirs. Les hyper-pédagos considèrent que la contrainte est castratrice, qu’elle nuit à la transmission des savoirs. Il nous montre bien que les parents ont de plus en plus tendance à se ranger du côté des hyper-pédagos pour défendre leurs enfants contre leurs enseignants dans de nombreuses situations.
Dans son ouvrage, l’auteur nous montre aussi l’influence grandissante prise par les neurosciences dans notre école. Cette partie m’a d’autant plus intéressé du fait que j’ai lu et chroniqué dernièrement un livre particulièrement intéressant sur ce domaine, Apprendre au 21ème siècle. Philippe Meirieu les considère comme utiles mais précise qu’elles ne peuvent pas prétendre résoudre tous les problèmes pédagogiques. C’est d’ailleurs le titre de son chapitre, pour lui, les neurosciences ne feront jamais la classe ! Entièrement d’accord, Philippe ! Comme quoi, tout n’est pas perdu entre nous.
Autre sujet évoqué dans le livre avec lequel je rencontre des points d’accord avec l’auteur, l’autonomie des établissements que rêve de mettre en place le ministre Blanquer. Philippe Meirieu le critique particulièrement pour ce qui est de sa déclinaison libérale, source pour lui d’une concurrence malsaine entre les établissements alors que notre éducation est et doit rester nationale. Une fois encore, je suis plutôt d’accord avec les propos de l’auteur.
Alors voilà, vous allez vous dire qu’au final, j’ai plutôt les mêmes points de vue que l’auteur. Et bien non, pas vraiment, car la deuxième partie de l’ouvrage, qui n’en demeure pas moins intéressante, est consacrée au modèle pédagogique qui doit permettre, selon l’auteur, de penser l’éducation aujourd’hui. Après avoir analysé la situation, Philippe Meirieu nous fait des propositions sur lesquelles j’émets quelques réserves. Il retourne dans ses travers, ressort son vocabulaire et ses grandes théories tout en se posant à mes yeux les bonnes questions pour notre école. Quelles connaissances mobiliser à l’école ? Comment former les élèves à l’attention et en faire des citoyens ? Comment mettre en place une évaluation exigeante avec du sens et comment transmettre le goût d’apprendre ?
La Riposte est donc un livre particulièrement intéressant, je dois bien l’admettre, dans lequel l’auteur a le mérite de nous présenter une situation de notre système scolaire relativement juste. C’est un ouvrage qui se pose les bonnes questions et qui a aussi le mérite de tenter d’y apporter des réponses, que l’on soit d’accord avec ou pas.
La Riposte est donc un livre qui intéressera ceux qui font partie du système scolaire, qu’ils soient enseignants ou parents d’élèves. |