Pour les amateurs de l’immense réalisateur de séries et de films qu’est David Lynch, une excellente biographie vient de sortir aux éditions JC Lattès. Sans pouvoir dire que cette sortie s’est effectuée dans l’anonymat général, je trouve néanmoins que cette sortie n’a pas encore eu l’écho mérité tant le livre est passionnant, que l’on soit fan ou pas du personnage. De mon côté, mon objectivité est mise à mal par le fait que j’adore ce réalisateur, pas tous ces films pour autant et Twin Peaks est pour moi une immense série (même si la saison trois sortie récemment m’a un peu laissé perplexe).
Alors voilà, j’ai lu L’espace du rêve, un ouvrage sur la vie et l’imaginaire d’un des artistes les plus originaux et énigmatiques de notre époque à travers ses propres souvenirs et les témoignages de ses proches, et je me suis régalé. Dans ce livre unique, entre biographie et mémoires, David Lynch raconte pour la première fois la vision singulière qui l’a habitée toute sa vie, et ses combats pour mener à bien ses projets les plus audacieux. Les réflexions personnelles du cinéaste répondent aux passages biographiques écrits par Kristine McKenna à partir d’interviews de proches de David Lynch, acteurs, agents, musiciens, membres de la famille nous livrent des témoignages d’une grande authenticité.
Kristine McKenna a été pendant longtemps journaliste et critique pour le Los Angeles Time. Elle est l’amie et le biographe de David Lynch depuis 1979. C’est donc tout naturellement à ses côtés que l’auteur s’est lancé dans cette ouvrage sur lui.
Vous l’avez donc compris, ce livre nous offre donc deux visions des moments importants de la vie de l’artiste : une vision donnée par ses proches puis celle de Lynch lui-même. Et c’est bien là la grande originalité de ce livre, et on n’en attendait pas moins de celui qui a construit son œuvre cinématographique sur l’intrigue et l’originalité.
Les chapitres du livre sont construits ainsi. Kristine McKenna nous raconte les épisodes marquants de la vie de l’artiste après un travail de recherches autour de témoignages de proches. Après lecture du chapitre, David Lynch nous offre alors sa vision du texte écrit par son amie en le complétant, en l’amendant ou bien encore en corrigeant certaines erreurs. Lynch nous donne en fait sa version des faits, avec ses mots. La police d’écriture dans l’ouvrage diffère en fonction de celui qui écrit.
Le livre est alors une mine d’informations et d’anecdotes sur l’artiste et sa vie, qu’elles soient drôles ou touchantes, sérieuses ou rocambolesques. On suit son enfance dans les années 50, les tournages de certains de ses films les plus connus, ses désaccords avec certains acteurs sur le tournage de ses films, le succès qu’il rencontra avec Elephant man, ses rencontres avec ceux qui produiront ses films, ses difficultés parfois à les convaincre avec ses projets audacieux, ses projets musicaux aussi car l’artiste tenta une aventure dans la musique autour de ses cinquante ans. Les personnages de ses films (le monde entier connaît Laura palmer) et les acteurs qui les ont joués défilent dans le livre ; Laura Dern, Naomi Watts, Sheryl Lee et Kyle MacLachlan.
On redécouvre, en même temps qu’on découvre l’artiste, son immense filmographie et l’ouvrage nous donne envie de remettre dans notre lecteur DVD des films comme Blue Velvet, Mulholland drive ou Sailor et Lula. On trouve aussi de nombreuses photos dans l’ouvrage qui nous permettent de rentrer un peu plus dans l’intimité et le travail de David Lynch.
L’ouvrage, au final, réussit parfaitement à nous montrer la dimension complexe de David Lynch, que l’on retrouve dans son travail cinématographique. Il n’en reste pas moins un homme attachant, ce que nous montrent aussi les écrits de Kristine McKenna. Une vraie complicité existe entre les deux auteurs du livre et elle se voit dans l’ouvrage, dès la préface.
L’espace du rêve est donc un superbe ouvrage, de ceux qui trôneront dans ma bibliothèque avec une exposition particulière. C’est un très beau livre, dans son contenu mais aussi en tant qu’objet avec une superbe couverture, une qualité de papier irréprochable et soignée et des superbes photos en noir et blanc. Il est des livres que l’on n’ose à peine ouvrir quand on les a dans les mains tant on n’a pas envie de les abîmer. Celui-là en fait partie. J’ai pris soin de le lire en faisant attention de le conserver intact, de l’ouvrir avec délicatesse à chaque fois que je plongeais dedans. Il est quasi neuf après sa lecture et cela me procure une grande fierté.
Au final, je n’imagine pas une seule seconde un amateur de David Lynch ne pas posséder cet ouvrage tant il est pour moi fondamental. Alors si vous êtes comme moi, foncez, n’hésitez pas, ce livre est fait pour vous. |