Comédie dramatique d'après le scénario époyme de Ingmar Bergman conçue et interprétée par Georgia Scalliet et Frank Vercruyssen.
Dans "Après la répétition", biodrame dans "la grande famille du théâtre" sous obédience shakespearienne - le monde entier est un théâtre dont les hommes ne sont que les acteurs - qui multiplie les mises en abîme, Ingmar Bergman dissèque la superposition et la confusion de sentiments érigées en processus ritualisé du moteur de la création.
Et ce, avec l'ambivalence du rapport entre metteur en scène et actrice, qui passe quasi obligatoirement par la séduction sexualisée, mais dans une configuration qui ajoute un élément d'ambiguïté supplémentaire.
En effet, elle place un metteur en scène dans une situation quasi-analogue à celle vécue vingt ans auparavant. Après une répétition de la pièce "Le Songe" de Strindberg, la jeune comédienne prometteuse en charge du rôle principal, qui revient sur le plateau pour entreprendre une "danse" de séduction-manipulation, est la fille, à la ressemblance troublante, d'une actrice qu'il a aimé et dirigé dans le même rôle de cette pièce-fétiche qu'il reprend régulièrement.
Frank Vercruyssen, de la Compagnie flamande tg Stan et Georgia Scalliet, sociétaire de la Comédie-Française, se sont investis dans cette partition qui s'avère également une ode au théâtre et aux comédiens, pour délivrer ce huis-clos intense naviguant à vue entre réel/réalité/fiction, vie privée/vieprofessionnelle et personne/personnage.
Ils incarnent, lui, l'homme sur la défensive sans trop jouer sur la posture infatuée du metteur en scène, elle, la comédienne borderline, douloureuse entre la haine-amour d'une mère actrice déchue et l'attirance pour la figure paternelle, le directeur déique qui pourrait être son père biologique, qui se confrontent et s'affrontent entre tensions et silences sous l'ombre du passé et du fantôme de la mère.
Tous deux délivrent une éblouissante prestation qui ressort au théâtre vivant en train de se faire, comme si les mots s'écrivaient à l'instant où ils sont prononcés, dans lequel se retrouve la marque de fabrique du tg Stan, et l'essence du théâtre, selon une réplique du texte, un miracle qui résulte de la réunion de trois éléments "un acteur, une parole et un spectateur." |