Monologue dramatique d'après le Discours de la servitude volontaire de La Boétie interprété par Charly Magonza dans une mise en scène de Charly Mongoza et Agathe Mortlecq.
A 16 ans, Etienne de La Boétie a écrit un des chefs d'oeuvre de la pensée française : "Le Discours de la Servitude volontaire", aussi appelé "Le Contr'un".
Pas la peine de dire que c'est grâce à son ami Montaigne que les quelques pages qui forment l'ouvrage de La Boétie, mort en pleine jeunesse, ont traversé les siècles.
C'est avec la flamme de celui qui vient transmettre de la beauté et de l'intelligence pures qu'arrive sur scène Charly Magonza. Lunettes cerclées de noir et tout de noir vêtu, c'est tout en conviction que ce jeune barbu à tête de prof de philo présente l'ouvrage qu'il tient en mains dans une édition sinon originale du moins bien ancienne.
Pour faciliter la tâche du profane qui n'aurait jamais entendu parler de ce penseur que d'aucuns affirment ancêtre de l'anarchie ou apôtre de toutes les subversions à venir contre les tyrannies de tous les temps, Charly Magonza a choisi une "traduction" du "Contr'un", celle de Séverine Auffret.
A l'entendre, elle n'a pas l'air plus mauvaise qu'une autre, même si elle ne remplacera pas la belle langue issue du 16ème siècle. C'est quand même dommage qu'on ne puisse pas entendre La Boétie dans son "vrai jus", tant les tournures de l'époque, même si elles compliquent le sens général du texte pour des accros aux smartphones, sont enchanteresses.
Tant pis et pareillement tant pis pour le manque de confiance des deux adaptateurs Charly Magonza et Agathe Mortelecq, qui cumulent aussi les fonctions de mise en scène. Oui tant pis s'ils ont préféré élagué dans un texte pourtant déjà court.
C'est ainsi que l'on restera sans conteste trop peu de temps (une quarantaine de minutes) avec "Le Discours de la servitude volontaire" alors qu'on aurait pu consacrer plusieurs heures à l'escalade de ce monument de la pensée.
Par dépit ou par raison, il faudra donc considérer finalement que l'intervention dynamique de Charly Magonza est la bonne solution pour donner au public quelques notions sur le chef d'oeuvre de La Boétie.
Car ce qu'il en tire est une excellente entrée en matière sur le "Contr'un" qui vaut bien tous les wiképias de la terre. Grâce à lui, et à son enthousiasme vulgarisateur, plus personne n'ignorera les formules magiques du jeune Rimbaud aquitain.
Cela vaut bien un petit lâcher de confettis ou des ampoules de toutes les couleurs que Charly Magonza manipule sans précaution, que de sortir du théâtre en répétant à l'envi : "Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libres"
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