Création collective de la Compagnie La vie brève, avec Jeanne Candel, Lionel Dray et Caroline Darchen.
"Demi-Véronique" où comment une sublime symphonie post-romantique sert de bande sonore à une pantomime burlesque. La symphonie est la 5ème de Gustav Malher dont l'adagietto résonne dans l'oreille inconsciente collective notamment parce qu'inscrit dans la bande-son du film "Mort à Venise" de Luchino Visconti.
Le mimodrame qualifié d' "épopée musicale et théâtrale dans un intérieur calciné" est élaboré et interprétée par trois membres de la Compagnie La vie brève dédiée au rapport entre la musique et le théâtre dont un des fondamentaux tient à la mise en scène selon une écriture collective et des formes "libérées de tout dogme, car ancrées dans l’empirisme du plateau et de son bricolage". De surcroît, leur note d'intention indique qu'ils ont choisi délibérément de laisser de côté la question du sens.
Et tel s'avère le spectacle proposé dont le titre emprunte un terme du vocabulaire tauromachique* composé d'une succession de scènes burlesques truffées de symboles et de références, notamment culturelles, afférentes à la mythologie personnelle des officiants dont le décryptage est laissé à la discrétion du spectateur.
Dans une scénographie esthétisante** de débris carbonisés d'une cuisine en bord de jardinet élaborée par Lisa Navarro, se déroule une hilarante partition bouffonne inspirée du burlesque américain en tant que variation sur le "slapstick" qui repose notamment sur le comique physique.
Hors quelques interventions énigmatiques d'un tout aussi énigmatique androgyne en kimono campé par Jeanne Candel, elle est essentiellement dispensée par un épatant duo de clowns avatar de celui formé Laurel et Hardy tant pour la répartition des rôles que le contraste physique et leur approche tout aussi candide que surréaliste du monde.
Ce tandem est constitué par une petite ronde survitaminée en tenue de gala - Caroline Darchen époustouflante qui, formée notamment à l’Ecole Internationale de Théâtre Jacques Lecoq, joue et déjoue les épisodes gaguesques - et un dégingandé en tenue 19ème siècle - Lionel Dray désopilant - qui exécutent quelques numéros d'anthologie tels la tentative d'occire un poisson par la noyade et l'équilibrisme sur empilement de biscottes.
Prise au premier degré sans intellectualisme excessif, cette entreprise parfois déconcertante s'avère résolument jubilatoire. |