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Ateliers Berthier  (Paris)  novembre 2018

Trilogie dramatique d'après les romans de Don DeLillo, adaptation et mise en scène de Julien Gosselin, avec Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé, Adama Diop, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc-Lecerf, Frédéric Leidgens, Caroline Mourier, Victoria Quesnel et Maxence Vandevelde.

Julien Gosselin poursuit, avec la Compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur, ce qu'il nomme "son rêve de théâtre", un déroulé immersif de formes artistiques soutenue par une recherche formelle syncrétique qui repose sur l'hybridation trinitaire littérature-théâtre-cinéma associée à une nouvelle rhétorique entre scène textuelle et scène visuelle déclinées dans le cadre de spectacles-fleuve caractérisés par la prégnance de la vidéo.

Après Michel Houellebecq ("Les Particules élémentaires") et Roberto Balano ("2666"), il réunit trois opus - "Joueurs", "Mao II" et "Les Noms" - dans le thésaurus du romancier américain Don DeLillo qui s'avère d'autant plus judicieux que, dans son questionnement critique du monde, l'oeuvre de celui-ci est placée sous le signe de la réflexion sur l'image et de la saturation de l'information visuelle - qui répond à la pulsion scopique archaïque de l'homme - et conduit à une réflexion sur la prévalence, et la fascination, de la représentation du réel sur le réel.

De plus, cette sélection présente une cohérence dramaturgique en raison de la concordance thématique des trois opus articulés autour de la violence et du terrorisme dans des décennies successives - le terrorisme politique des années 1970 avec les organisations d'extrême gauche prônant la guérilla urbaine ("Joueurs"), sectaire des années 1980 avec la pratique d'assassinats rituels ("Mao II") et religieux des années 1990 ("Les Noms") - et de la fascination qu'elles exercent sur des personnages étasuniens, yuppies, consultants expatriés et intellectuels en situation personnelle de déréliction.

Outre son analyse sur la terreur, Don DeLillo livre de passionnants développements sur la question de l'écriture et du langage, l'écrivain comme "architecte de la sensibilité er de la pensée", l'Amérique comme mythe vivant du monde, le cinéma comme partie de l'esprit du 20ème siècle et l'interdépendance entre le terrorisme et la littérature, le premier ayant investi le territoire perdu par la seconde, celui de pouvoir agir sur la conscience de masse.

Outre son analyse sur la terreur, Don DeLillo livre de passionnants développements sur la question de l'écriture et du langage, l'écrivain comme "architecte de la sensibilité er de la pensée", l'Amérique comme mythe vivant du monde, le cinéma comme partie de l'esprit du 20ème siècle et l'interdépendance entre le terrorisme et la littérature, le premier ayant investi le territoire perdu par la seconde, celui de pouvoir agir sur la conscience de masse.

Julien Gosselin a procédé à une transposition scénique efficace et éclairée des textes publiés en France dans la traduction de Marianne Véron et une mise en scène en symbiose avec le style delillien, qui interpellera son lectorat, pour composer ce vertigineux voyage au bout de la nuit du siècle qui clôt le deuxième millénaire.

Il en résulte un spectacle-fleuve dont chacun des trois volets dure trois heures, qui est impacté non seulement par quelques longueurs dispensables et des changements de décor chronophages mais également par le choix d'un rythme lent qui, toutefois, permet de poser l'atmosphère contemporaine de déliquescence soutenue par la création musicale de Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé et Maxence Vandevelde entre loops electro, rock progressif à la Mogwai et rock atmosphérique de Sigur Ros, dispensée en direct live.

Le scénographe Hubert Colas a conçu d'immenses blocs vitrés modulables qui se combinent à l'envi pour composer différents espaces scéniques dans lesquels interviennent une troupe de comédiens époustouflants par leur négociation du jeu sur le plateau et devant la caméra. De celle-ci, Julien Gosselin n'use pas de la manière illustrative devenue un incontournable de la "jeune scène contemporaine" mais comme un outil scénographique renforçant, par ailleurs, la présence organique des officiants.

Usant de toutes les techniques cinétiques, du hors champ au gros plan, et passant par la démultiplication sur plusieurs écrans qui sollicitent constamment l'intérêt et la curiosité du spectateur, la qualité et la pertinence des images-vidéo réalisées en direct par Jérémie Bernaert et Pierre Martin méritent amplement une mention spéciale dédiée.

Impressionnante se révèle la maitrise d'oeuvre de Julien Gosselin pour coordonner avec fluidité et acuité toutes ces composantes sans omettre la direction d'acteur dans les scènes mouvantes quasi chorégraphiées d'intrigues imbriquées qui ont interprétées de manière exemplaire par une troupe de comédiens trentenaires déjà aguerris - Adama Diop, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc-Lecerf, Caroline Mourier, Victoria Quesnel - et leur aîné l'excellent Frédéric Leidgens.

Une immersion saisissante - à voir de préférence par épisode - et une incitation à la (re)lecture de Don DeLillo.

 

MM         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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