Seul en scèneécrit par Pierre Delavène et Jean-Philippe Zappa et interprété par Ludovic Berthillot sans une mise en scène de Gérard Moulevrier. Ludovic Berthillot est ce qu'on appelle au cinéma un "second rôle" : un acteur qui est dans l'ombre de la vedette mais qui est également celui qui la fait briller. Il nous apprend qu'il a tourné 135 films, joué parfois avec les plus grands et tué des dizaines de fois à l'écran.
Il faut dire qu'avec son physique patibulaire, il aurait eu sa place dans "Les Tontons flingueurs", lui qui admire le travail de Michel Audiard dont les dialogues ont marqué le cinéma français du 20ème siècle et a su si bien faire parler les acteurs. Il adresse d'ailleurs au dialoguiste une lettre imaginaire dans une séquence très émouvante.
C'est une idée originale de rendre ainsi hommage au cinéma et à ses seconds rôles qui le font exister. Avec une foule d'exemples, Pierre Delavène et Jean-Philippe Zappa ont écrit un bel hommage sur ces grands oubliés de la mémoire du cinéma. Devant un écran, Ludovic Berthillot en évoque quelques uns marquants, de Julien Guiomar à Robert Dalban, les faisant revivre pour quelques instants.
En scénettes alertes et rondement menées par Gérard Moulevrier à la mise en scène (et également un des plus grands directeurs de casting), avec son naturel attachant et son air de nounours, le comédien s'adresse aux spectateurs avec convivialité, évoquant ses anecdotes comme à des amis.
Il parviendra aussi à expliquer en soixante secondes chrono ce qu'est le statut d'intermittent (à la manière de "Mission Impossible). Avec humour et autodérision (notamment lorsqu'il se met à pousser la chansonnette), Ludovic Berthillot avec ce seul en scène propose un voyage tendre, drôle et nostalgique sur un univers dont il fait visiter les coulisses avec malice.
Spectacle authentique et chaleureux, qui ne cache rien de la dureté de ce métier, "Second rôle" en montre aussi toute la beauté et, dialoguant avec Jean Gabin ou chantant à sa manière dans "Maintenant je sais..", Ludovic Berthillot nous fait partager son expérience étonnante du 7ème art dans un hommage d'une touchante sincérité.
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