Spectacle de fin d'études de la promotion 2018-2019 du Centre National des Arts du Cirque mis en scène par Antoine Rigot et Alice Ronfard.
Il y a en France six cirques en dur classés : Paris (Cirque d'hiver), Elbeuf, Reims, Amiens, Douai... et Châlons-en-Champagne, cirque qui abrite depuis une trentaine d'années le "Centre national des arts du cirque" (le CNAC).
C'est donc logiquement là qu'a lieu, tous les ans en décembre, le spectacle de la promotion en fin d'études. Dans ce très beau cirque rénové, le cirque est ainsi particulièrement à la fête et le spectacle donné par les élèves de ce qui constitue déjà la 30ème promotion ne le dément pas.
Confié chaque année à un metteur en scène différent, ce spectacle n'est pas un défilé de numéros où chacun rivaliserait dans sa spécialité. Au contraire, les circassiens ne sont pas des "spécialistes" mais des artistes complets. A la fois acteurs, danseurs, parfois aussi chanteurs ou musiciens, ils sont formés ici à être polyvalents et à pouvoir vivre de leur métier sans forcément l'exercer dans un cirque au sens strict du terme.
Cette année, les metteurs en scène étaient Antoine Rigot et Alice Ronfard. Ils ont conçu, en osmose avec les élèves, un spectacle à la fois chorégraphié et riche en musique avec une composition originale de Gaspard Panfiloff, porté vers la violence punk comme pour détruire le monde des apparences (la friction) et passer de l'autre côté du miroir (la fiction).
Au départ, les élèves sortent d'un immense plastique opaque qui pourrait être la matrice d'où ils éclosent. Ils sont dans des tenues qui ressemblent à des sous-vêtements blancs ou couleur chair, les garçons étant torse nu. Une fois accomplis leurs exploits aériens ou bondissants et réalisés leurs rêves, ils revêtiront tous une robe d'apparat, elle aussi plastifiée, pour valser...
Les 17 élèves de la promotion sont déjà des professionnels émérites. Les numéros de trapèze sont à couper le souffle, celui de tissu est très gracieux et les acrobates qu'ils pratiquent la bascule coréenne, le mât chinois ou les "simples" équilibres réussissent à captiver un public de connaisseurs.
Antoine Rigot et Alice Ronfard ont su jouer sur le rythme en installant une certaine simultanéité des numéros qui s'enchaînent d'une manière très fluide. L'installation du matériel nécessaire à certains numéros est lui aussi quasi chorégraphié. L'ensemble est très varié et ne baisse jamais en qualité ni en intensité.
Panorama presque exhaustif du cirque moderne, le spectacle de la 30ème promotion des élèves du CNAC mérite l'attention de tous les amateurs du cirque, qui non seulement y découvriront de grands talents en devenir mais un ensemble cohérent, un groupe d'élèves qui visiblement ont bien vécu ses années de travail harassant dont ils vont maintenant tirer le bénéfice à l'orée de leurs jeunes carrières.
Ces quatre-vingt dix minutes de pur cirque vont donc bien au-delà de l'exercice scolaire et réjouiront grands et petits, puisque ce spectacle conceptuel est à la portée de tous. |