Si je vous dit "Jude", nombreux d'entre vous me répondrons "Beatles" et commencerons à m'entonner avec plus ou moins de félicité le refrain mille fois entendu (si ce n'est plus). Mais oubliez tout cela car dorénavant, pour quiconque écoute cet album, Jude rimera avec songwriter.
Originaire de boston, Jude Christobal a migré au milieu des années 90 à Los Angeles sous des cieux plus bleus pour tenter sa chance. Après avoir connu les vaches maigres, joué dans les bars, frappé à de nombreuses portes, il signe chez BMG et enregistre un premier album 430 N.Harper Ave. Cet opus, compilation d'enregistrements studio et prises live au Café Largo de Los Angeles, relève plus d'une ébauche que d'un véritable album. Cependant loin d'être dénué d'intérêt, l'album était annonciateur du style musical propre à Jude.
Et il n'en fallait pas plus pour être remarqué par Maverick (le label de Madonna) qui le signe immédiatement. Ainsi nous parvient No One Is Really Beautiful, album au titre emprunté à Charles Bukowski, mythe de l'underground sixties.
Amateur de littérature, Jude lui fait référence à travers la chanson "Charlie says" et porte à travers lui un regard désabusé sur ses contemporains ("Charlie says nobody's got the strange and hidden power and/ No one is really beautiful/They're all just mediocre men of the hour") .
Des titres pop-folk a facture assez classiques ("I'm sorry now", "I do") au rythme enlevé côtoient des morceaux aux rythmiques funk ("Rick James", chanson sur la vie de la star du funk, "Out of LA") ou aux relents jazziques ("Prophet").
Produit par George Drakoulias (The Jayhawks, the Black Crowes), l'ensemble ne souffre d'aucune lourdeur et reste très naturel, ciselé comme un joyau aux mille facettes. Et c'est avec une voix d'ange qui véhicule une émotion sincère, que Jude dévoile ses déboires sentimentaux et nous fait partager sa mélancolie assumée.
La dernière chanson, "The asshole song" est l'apogée de l'album.
Minimaliste dans son instrumentation, lyrique à souhait dans son interprétation, Jude sublime l'ensemble avec son texte atteignant des hauteurs de dérision amoureuse ("I'm in love with a fan/ and she thinks I'm a star").
Mélange de perles de pop, et de chansons intimistes, portant un regard lucide autant sur le monde qui l'entoure que sur le sien, Jude se révèle être un songwriter de haut vol.
Assurément que "Jude" ne vous fera plus jamais penser à une certaine chanson.
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