Seul en scène marionnettique conçu et inteprété par Yngvild Aspeli accompagnée par la musicienne Ane Marthe Sorlien Holen dans une mise en scène de Yngvild Aspeli et Paola Rizza.
Dans son roman "La faculté des rêves", l'écrivain suédoise Sara Stridsberg a redonné vie à la figure de Valerie Jean Solanas, une féministe radicale des années 1960, auteur du célèbre "SCUM Manifesto". L'acronyme "SCUM" est explicite : il signifie "Society for Cutting Up Men". Littéralement, "société pour dépecer les hommes".
Le manifeste SCUM aurait pu en rester là et ne susciter cinquante ans après que l'ire des vieux machos alcooliques comme Michel Houellebecq, mais Valerie Solanas a tenté de mettre à exécution son programme en tirant sur Andy Warhol, le pape de l'underground américain, qu'elle accusait d'avoir plagié un de ses manuscrits. Après ce haut fait d'armes, condamnée à de la prison et de l'asile, son destin s'est brisé entre drogue et prostitution.
C'est à partir de cette anecdote qu'Yngvild Aspeli a construit sa "Chambre noire". Sur la scène, une grande marionnette à taille humaine, représente Valerie Solanas vieillie. Casquette grise sur la tête,chemise blanche ouvert sur un corps jaune et déjà décharné, jeans déchirés et tongs, l'activiste a un visage creusé et elle murmure plus qu'elle ne parle.
Accompagnée d'une musicienne,Ane Marthe Sorlien Holen, blonde comme elle, Yngvild Aspeli est plus proche de Marilyn Monroe que de Valerie Solanas et d'ailleurs le célèbre "My heart belongs to Daddy" sera chanté par les deux jeunes femmes qui vont mener musique électronique battante cette évocation fantasmée.
Car c'est un spectacle total qui est proposé : chants, musiques, projections vidéos de chevaux et de formes géométriques, chorégraphies et marionnettes se succèdent et s'entremêlent.
Yngvild Asper et Paola Rizza ont conçu un spectacle d'une grande beauté formelle, la vie de Valerie Solanas étant réduite aux éléments biographiques que l'on vient de résumer.
On appréciera le moment où Yngvild Asperi anime une araignée géante, celui où elle combat avec la marionnette très réussie d'Andy Warhol. Avec leurs échos "velvétiens", mais passées à la moulinette électronique, les musiques conçues par Anne Marthe Sorlien Holen visent aussi cette époque de la "Factory" warholienne où tout était possible même d'attenter à la diva du pop art.
Sans doute faut-il connaître l'histoire de Valerie Solanas pour comprendre tout le dispositif mis en œuvre par Yngvild Aspeli. Quoi que cela ne soit pas forcément nécessaire, si on se laisse prendre au charme onirique de ce spectacle élégamment composé. |