Biodrames d'après le roman éponyme de Régis Jauffret, mise en scène de Jean-Camille Sormain, avec Catherine Creux et Nicole Nemer. De la multitude des biodrames percutants et caustiques qui, sous le titre "Microfictions", constitue la comédie humaine contemporaine de l'écrivain Régis Jauffre illustrant l'enfer terrestre, la Compagnie L'Acacia Théâtre en a sélectionné un florilège dont le point commun tient au sexe des protagonistes.
Ainsi Jean-Camille Sormain présente une galerie de psychés féminines, de toutes origines et classes sociales, de la SDF à la bourgeoise, confrontées à des situations banales, de l'entretien d'embauche à la quête de maternité, se révélant au terme d'un bref monologue, narration factuelle ou flux de pensée, qui dessinent une fresque grotesque à la manière expressionniste.
Des femmes banales, voire archétypales, dont la médiocrité toxique et les dérèglements psychologiques se déploient dans la relation à l'altérité, terrain de prédilection de leur égotisme comme de leur comportement pervers, qu'elles évoquent au premier degré en s'affranchissant du libre arbitre, de la bien-pensance et des convenances comme de la morale judéo-chrétienne.
Et, judicieusement, il matérialise ces dévoilements de la monstruosité ordinaire comme des apparitions fantomatiques, des figures émergeant du plateau plongé dans l'obscurité à peine animé des lueurs mouvantes de la projection vidéo, en fond de scène, d'images urbaine impersonnelles.
De brefs intermèdes musicaux qui sortent des sentiers battus musicaux, avec des extraits d'opus électro du groupe viennois Playbackdolls, scandent les brèves séquences avec les performances des deux comédiennes qui portent l'écriture presque distanciée et dépourvue d'affect de Régis Jauffret que la mise en scène de Jean-Camille Sormain ne dénature pas en s'abstenant du naturalisme comme du mélodramatique.
Pour camper des figures pour le moins névrosées, voire psychotiques, concomitamment bourreau et victime, d'elle-même, de l'autre ou/et de la société, Catherine Creux et Nicole Nemer, toutes deux excellentes, manient avec une belle candeur ingénue, à l'instar de leurs tenues blanches, l'humour noir, l'ironie et la dérision pour narrer un rapport violent au monde.
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