Textes de Blaise Cendrars dits par Carlie Nelson dans une mise en scène de Jacques Nichet.
Tête rasée à la Chéri-Bibi, enveloppé dans son manteau de la légion étrangère, une bougie à la main, Charlie Nelson-Blaise Cendrars entre sur scène. Il parle. Il ne cessera de parler.
De sa voix d'acteur reconnaissable et de sa voix d'auteur envisageable, l'accent suisse en moins. Peu à peu la lumière fera place à la flamme, laissant dans l'air un délicat parfum de cire brûlant encore.
Sous les pieds de Charlie Nelson une peinture qui se poursuit en décor derrière lui. Une composition orange-rouge du peintre Jean-Pierre Dewynter qui évoque le titre du spectacle "Braise et Cendres". Une composition toute en feu, toute en énergie, bien choisie par le scénographe Philippe Marioge.
Car Blaise Cendrars, ce grand voyageur, ce poète-bourlingueur, est avant tout un homme qui bouge, qui se consume dans un monde dont il observe les brûlures.
Connu pour des œuvres comme "L'Or" (encore quelque chose qui brille et flamboie), un beau récit sur la ruée vers l'or en Californie qui ruina paradoxalement son compatriote Johann Sutter, il n'est pas, en revanche, reconnu comme le styliste qui décrit avec justesse et empathie le monde populaire qu'il croise et qu'il aime fréquenter.
Sans doute a-t-il trop écrit de textes divers et pas un ouvrage emblématique qui contiendrait à la fois toute la puissance de son "Homme foudroyé" et la rudesse de "Sa main coupée".
C'est donc l'écho de ses textes autobiographiques dont Charlie Nelson se fait avec grand talent le porte-voix. On sera vite emporté par un flot qui rappellera parfois Céline parfois Carco.
Sobrement mais efficacement éclairé par Jean-Pascal Pracht, Charlie Nelson paraît toujours en déplacement alors qu'il n'est pas ici le grand voyageur que le nom de Cendrars évoque. Il bénéficie pour ses mouvements subtils et sporadiques de l'attention experte de Jacques Nichet.
Toute cette addition de talents fait que "Braise et Cendres" est un spectacle qu'on ne doit pas rater et qui mêlera désormais à jamais les noms de Blaise Cendrars et de Charlie Nelson. |