Réalisé par Crystal Moselle. Etats Unis. Drame. 1h47 (Sortie 30 janvier 2019). Avec Kabrina Adams, Emmanuel Barco, Rachelle Vinberg, Kabrina Adams, Nina Moran, Ajani Russell, Jules Lorenzo, Brent Lorenzo et Alexander Cooper. Au départ, Crystal Moselle a réalisé un documentaire avec un groupe de skateuses qui se font appeler les "Skate Kitchen", puis, elle a décidé de continuer à travailler avec elles pour sa première fiction. On peut dire qu'elle a bien fait puisque ce film, dont on va maintenant parler, deviendra bientôt une série télé.
"Skate Kitchen" de Crystal Moselle a la vertu de sa simplicité. Pour décrire un groupe, quoi de mieux que d'y introduire un nouveau membre et de le suivre dans sa découverte de ses nouvelles amies.
C'est ainsi que Camille, skateuse dans une banlieue new-yorkaise, adolescente vivant seule avec sa mère avec qui l'entente n'est pas parfaite, découvre sur un réseau social les films que les "Skate Kitchen" enregistrent de leurs prouesses. Elle prend le métro pour les rejoindre dans une autre banlieue lointaine de New-York.
Film initiatique, "Skate Kitchen" montre l’intégration progressive de Camille dans le groupe de filles, sa découverte de leurs rites et de leurs vies. On verra aussi comment son existence va aussi changer en devenant une accro du skate, comment elle coupera les ponts avec sa mère, comment elle quittera l'adolescence pour devenir une jeune femme. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si tout commence par un accident : elle se blesse à l'entregent et se met à saigner abondamment...
La jeune Rachelle Vinberg est parfaite en ado volontaire, pas encore tout à fait femme, qui, peu à peu, découvre que grandir c'est aussi choisir d'être libre. Le milieu du skate est décrit avec empathie par Crystal Moselle sans qu'elle l'idéalise.
On y verra beaucoup de "joints", un soupçon de violence et une grande tolérance pour les diverses sexualités. On y verra aussi des jeunes gens de toutes races et de tous milieux réunis par une même passion.
Camille, en rupture de ban, sera accueilli par une skateuse black de bonne famille, puis connaîtra la solidarité des squats. Elle trouvera une âme sœur en la personne de Devon (Jaden Smith, le fils de Will) avec qui elle s'appropriera la ville et ses gratte-ciels... Même si, la réalisatrice évitera encore une fois ce qui est encore un gros tabou dans le cinéma américain (même indépendant) : le sexe interracial.
A cette limite près, "Skate Kitchen" de Crystal Moselle est un film d'une grande liberté, qui filme avec fluidité les skateuses dans la ville, montre leur grande adresse et le grand plaisir qu'elles prennent à tenter des figures compliquées et même à s'étaler quand elles les ratent.
Ce n'est pas le premier film de skate, et le genre commence à compter pas mal de titres, à commencer par les films de Gus Van Sant ("Paranoïd Park") ou le documentaire "Danger Dave" de Philippe Petit. Mais c'est l'un des meilleurs parce que "Skate Kitchen" de Crystal Moselle sait s'en tenir au "Skate Park" et qu'elle parsème son histoire de vie quotidienne sans chercher à rendre à tout prix sa fiction spectaculaire.
Ici, on peut fauter, décevoir une amie, mais à l'âge du portable on peut s'excuser pour une faute vénielle et continuer ensemble les cride" dans la ville transformée en terrain de jeu et d'amitiés.
"Skate Kitchen" est incontestablement un film pour les jeunes de tous les âges qui ont encore et toujours soif de se dépasser dans des passions qui les préservent de l'ennui et de la solitude. |