Comédie dramatique d'après le scénario du film éponyme de Jacques Rouffio, mise en scène de Anne Bourgeois, avec Bruno Wolkowitch, Claude Aufaure, Valentin de Carbonnières, Jean-Philippe Puymartin, Julie Debazac, Francis Lombrail, Jean-Philippe Bêche et Bruno Paviot.
Tout commence par l'infarctus du docteur Losseray, le chirurgien le plus réputé de la ville, dans l'hôpital où il exerce. Un incident dont va se servir le professeur Brézé, le directeur de la clinique privée voisin, de mauvaise réputation, qui souhaite débaucher Losseray pour redorer l'image de son établissement, ayant souffert notamment de la mort tragique d'un autre chirurgien d'exception, Berg, quelques années auparavant...
Au fil de ce récit, l'intègre docteur Losseray, sous la pression constante de Brézé aux appels répétés et aux visites inopinées, tentera de percer le mystère qui entoure la mort du docteur Berg. Avant que l'étau ne se resserre.
Une scénographie particulièrement réussie de Jean-Michel Adam faite de panneaux translucides verticaux alignés aux lumières subtiles changeantes (Laurent Béal), façon Mondrian ou de couleurs uniformes en fonction de l'ambiance voulue, donne avec l'aide du magnifique univers sonore de François Peyrony, une ambiance anxiogène à cette sombre histoire basée sur des faits réels.
Adaptée par Francis Lombrail et Anne Bourgeois du scénario du film de Jacques Rouffio (co-écrit avec Georges Conchon) en 1976, "7 Morts sur Ordonnance" embarque le spectateur dans un formidable suspense. Remarquablement mise en scène par Anne Bourgeois avec finesse et fluidité, la pièce est également l'occasion de voir évoluer une superbe brochette de comédiens.
Aux côtés de Julie Debazac (Mme Losseray) impeccable, la seule femme de la bande, on se régale des échanges savoureux entre Losseray qui se fissure peu à peu (Bruno Wolkowitch, épatant) et le redoutable Brézé (Claude Aufaure, aussi mielleux que machiavélique).
Autour d'eux évoluent le fils Brézé (Bruno Paviot, d'une belle complexité), Mathy le psy trouble (Jean-Philippe Puymartin, parfait), le collègue (Jean-Philippe Bêche, sobre) et le commissaire (Francis Lombrail, excellent).
Mais la grande révélation de la pièce c'est incontestablement Valentin de Carbonnières qui dans le rôle du docteur Berg est absolument sensationnel et fait de chacune de ses scènes des moments d'anthologie, avec une puissance de jeu qui n'est pas sans rappeler Patrick Dewaere.
Malgré une intrigue qui s'essouffle un peu sur la dernière partie, attestant de de la grande difficulté d'adapter un scénario au théâtre, "7 Morts sur Ordonnance" est néanmoins un passionnant spectacle sur les jeux de pouvoir et le harcèlement dans le milieu hospitalier. Implacable et poignant.
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