Une voix qui s'élève dans la nuit. Croisant la nicotine et les frissons sur du Gershwin qui craque en vinyl. Voila pour la synthèse. Arthur H et son univers se résume comme ça, en quelques mots.
Arthur H, un artiste à ne prendre au pied de la lettre, qui se renouvelle, évolue, et publie aujourd'hui Adieu tristesse, un nouvel essai de poésie maîtrisé.
Loin du funk électro de Madame X, Arthur se fait donc un nom avec des prénoms. Feist ("La chanson de Satie"), Mathieu Chédid- ("Est-ce que tu m'aimes") et son père Higelin entoure le poète passionné de jazz le temps de duos fait à la main, à la maison.
Si les invités prennent de la place dans le lit, Arthur H parvient néanmoins à tirer la couverture à lui et réchauffer l'auditeur. Bande-son d'un film imaginaire, Adieu tristesse porte bien son nom, tant l'oreille se délecte et se perd sur les sentiers escarpés façonnés par Arthur.
Fortement influencé par la musique classique, revisitée pour l'occasion, cet opus s'écoute comme un concept album, une longue traversée d'une heure, entre dénivelées jazzy ("Adieu tristesse", chanson éponyme) et compositions somptueuses. "La fille de l'Est", apogée d'un disque aux mille couleurs, étonne et surprend par sa richesse. Créature hybride, née de la rencontre du classique et du jazz d'Amérique du nord, s'écoute encore une fois la platine éteinte. Clavecins, violons et negro-spiritual se croisent, s'entrechoquent, et l'on est tenté de se dire que plusieurs écoutes seront nécessaires pour percevoir toutes les subtilités et les nuances.
Les harmonies et les voix d'Arthur H sont une ode, un moment de vie, qui clignent de l'œil et font du mariachi boogie ("Est-ce que tu m'aimes"). Et les paroles riches comme Crésus ("Ma sorcière bleue"), contes féeriques pour enfant pas sage. Arthur devient adulte et retombe en enfance.
Aussi percutant qu'une ballade en auto-tamponneuse. Effectivement, adieu tristesse et bienvenue à Arthur H dans le monde des artistes avec un grand A. |