Opérette de Louis Varney, direction musicale de Romain Dumas, mise en scène de Emmanuel Gardeil, avec Cédric Le Barbier, Olivier Montmory, Marie Cordier, Marie-Caroline Husson, Virginie Marry, Marie Saadi, Hugues Blunat, Jean-Philippe Poujoulat, Caroline Duliège, Romain Boulanger et le Choeur Divinopera.
Offenbach ou Francis Lopez ? L'opérette à la française n'est pas manichéenne et si l'on fouille un peu dans le répertoire, on redécouvre vite qu'il y a d'autres pépites, des pépites qui n'ont rien perdu de leur éclat.
Ainsi "Les Mousquetaires au couvent" de Louis Varnay, sur un livret de Jules Prével et Paul Ferrier, d'après un vaudeville d'Amable de Saint-Hilaire. Créé en 1880, l'ouvrage a connu un long succès à travers le temps. Et dans cette recréation mise en scène par Emmanuel Gardeil, on va d'emblée se surprendre à fredonner des airs qu'on connaît ou croît connaître.
Car "Les Mousquetaires au couvent" est musicalement composé de "numéros" qui emportent immédiatement la conviction. Que ce soient les Choeurs qui ouvrent le bal avec le célèbre "Sans nous chercher querelle", ou l'abbé Bridaine (le baryton Hugues Blunat) dans l'irrésistible "Eh oui, je suis l'abbé Bridaine !" ou les couplets de "Pour faire un brave mousquetaire".
Autre surprise de cette version des "Mousquetaires au couvent" sous la direction musicale de Romain Dumas avec son orchestre et son Choeur Divinopera, c'est son niveau.
Les spécialistes le disent : derrière son apparente facilité, l'oeuvre de Louis Varney requiert des chanteurs, des choeurs et des musiciens de premier ordre. C'est le cas ici, où l'on retrouve par exemple dans le rôle de Simone, Marie Saadi, âme du projet et artiste lyrique à part entière.
Au plaisir du chant s'ajoute aussi celui du spectateur : Emmanuel Gardeil réussit astucieusement à peupler la scène d'une figuration qui peut dépasser les trente ou quarante personnes. Ainsi l'acte I, qui se passe à l' "Auberge du Mousquetaire gris", c'est dans un chatoiement de costumes (très réussis par Madeleine Nicollas), de couleurs et de personnages truculents et chantants que s'ouvre ces "Mousquetaires au couvent". Tout le monde, chanteurs ou figurants, est à l'unisson, se frôle, danse, se taquine dans une ambiance digne du Châtelet.
L'acte II, où l'on est à l'intérieur du fameux couvent avec la mère supérieure (Marie-Caroline Husson), sœur Saint-Opportune (Caroline Duliège), Marie (Marie Cordier) celle que le mousquetaire Gontran de Solanges (Olivier Montmory) veut enlever avec le concours de son ami Narcisse de Brissac (Cédric Le Barbier) ne déçoit pas non plus. Là encore, les scènes sont drôles et propices à "tubes".
Dans leur adaptation, Emmanuel et Jean-François Gardeil ne se privent pas de quelques anachronismes, sans trop charger la barque, et se permettent aussi quelques références plus inattendues : ce deuxième acte finira dans un délire musical proche d'un "Sister Act" (sans Whoopi Goldberg).
Evidemment, tout s'arrangera au troisième acte avec encore de très beaux moments, comme le très connu "prenons l'échelle", une échelle qu'on n'aura pas trouvé chez Ikéa, bien entendu.
Gaie, généreuse, ouverte à tous les curieux qui y passeront une soirée totalement divertissante, loin de toute arrière-pensée qu'ils soient croyants ou pas, cette production des "Mousquetaires au couvent" est promise à de nombreuses festivals et mériterait d'être rejouée régulièrement sur des scènes pas forcément lyriques.
Ni poussiéreuse ni ennuyeuse, "Les mousquetaires au couvent" est au contraire l'oeuvre idéale pour ouvrir au plus grande nombre le chant lyrique. |