C’est psyché, c’est indé, c’est barré. Ah, s’il était aussi facile de résumer un album à quelques adjectifs, que ferai-je de mon clavier ? Eternisons-nous un chouilla sur le troisième album de Jacques Air Volt : Rêvolt.

Entre rêve et révolte, dans l’air du temps alors. "Mélancolie rêveuse, dans la cité, le matin rose, le soleil se lève en prose, les oiseaux chantent en osmose" ("2"), la basse s’avance, grave et cérémonieuse, un clavier sautille à sa poursuite, accélère et tournoie, jusqu’à tomber tout au fond du fond du terrier, sur un large et confortable tapis de feuilles moelleuses et non grouillantes. Enfin, nous y sommes.

Entouré de Denis Jacquinet (chant, guitare), Thomas Chalindar (batterie), Yann Athanase (basse), Etienne Kapikian (claviers) sur scène, Jacques Air Volt crée un univers de pop et de trip, entre cordes et électroniques, entre ondulations jazzy et psychédélisme hippy-yep.

L’album invite à la nonchalance contemplative et à la course après les nuages. Quand il chante, Jacques vitupère, il digère des sentiments qu’il recrache comme on respire du piment, ça swingue et ça percute : "Ce sont des corps en mouvement qui vont à travers champs, le décor d’alors les ignore et la pluie en efface les fines traces" ("Corps mouvement I").

Ça caresse aussi, ça trouble et ça dilate les tympans, les faisant vriller jusqu’à s’étourdir, puis les notes se changent en bulles, cristallines et translucides, on y verrait presque la mer au travers. Puis les graves reviennent, ils n’étaient jamais repartis, ils cassaient la croûte au coin là-bas, voilà qu’ils soufflent et gonflent les calicots, le cortège s’avance, suivons-le.

L’album est un ensemble, avec l’impression que chacune des pistes est jouée tout au long des dix morceaux, sans cacophonie pour autant, un peu comme si Jacques Air Volt mettait la lumière sur une image musicale à chaque titre. Pour varier les perceptions, prendre du recul sur des souvenirs, essayer différentes issues. Faisant du même coup de Rêvolt un plaidoyer pour le futur, pas aussi morose que prévu. Le goût du risque en plus.

"Rêve de révolte, révolution, après des années mortes, sous l’occupation" ("Corps mouvement III")