Tragi-comédie de Copi mise en scène de Stéphane Auvray-Nauroy, avec Julien Kosellek, Eram Sobhani, Michèle Harfaut, Mathieu Mullier-Griffiths, Laurent Joly et Fabio Di Domenico. "Une visite inopportune" constitue l'ultime pied de nez à la mort dispensé par le du dramaturge argentin Copi mort en 1987 pendant les répétitions dirigées par son compatriote Jorge Lavelli, dans lequel il met en scène un personnage autofictionnel atteint du sida.
Celui-ci, entre cynisme et détachement conjure la détresse par la dérision : la mort c'est pour après, et donc, il est impératif de faire la nique à la camarde dont la plus grande victoire est de gâcher le présent et la remettre à sa juste place, celle d'une figure farcesque qui joue un mauvais tour.
Par ailleurs, Copi a choisi pour protagoniste central un comédien cabot toujours en représentation qui entreprend de vivre sa mort comme un spectacle dont il serait l'unique interprète ce qui inscrit la partition dans une théâtralité absolu, celle du théâtre plus fort de la vie, et la mimésis qui permet la résurrection des morts. A la mise en scène, Stéphane Auvray-Nauroy négocie avec sagacité cette tragi-comédie aux montagnes russes stylistiques, du drame au grand guignol et de l'émotion à la trivialité, dispensée par d'émérites comédiens.
Ainsi en un jour anniversaire, Cyrille (Julien Kosellek très juste en moribond au physique de pétulant jeune premier) hospitalisé dans une phase critique, fait son grand jeu face à Hubert (Mathieu Mullier-Griffiths au jeu sensible), ami fidèle et amoureux transi qui lui a déjà fait édifier un mausolée.
Mais aussi au dadais apprenti journaliste (Fabio Di Domenico parfait en dadais mutique) pour une interview pré-nécrologique, à la diva italienne (Michèle Harfaut magistrale dans l'outrance) en attente de lobotomisation, à l'infirmière "allumée du réchaud" (Eram Sobhani époustouflant) aux stilettos de dragqueen et au médecin (Laurent Joly épatant en vibrion maniaque du bistouri). Et que demeurent la joie et la fête !
|